6248 - Transcription de la lettre 20 de Paul Faure (05/01/1995)

N. Lygeros

                                                                            Cannes, veille de l’Epiphanie
                                                                                               1995
                             Cher Nik
   Puisse ce petit mot de remerciements et de
bons souhaits vous parvenir demain, 1er jour
véritable de l’an pour tous ceux qui croient
à la manifestation de la Lumière, au sens physique
comme au sens spirituel, au terme des 12 jours
qui suivent la fin de l’année précédente. C’est une
tradition des peuples de la zone tempérée et aussi
du christianisme proche oriental.
   J’apprécie la sobriété de la feuille de vie, et
on feuille morte, qui orne vos vœux et qui précède
la poésie de Tripolitis. Si je ne comprends pas
entièrement le chant du « Baal des mouches » (ou du
fumier) et en particulier le dernier vers cité
                οσο σκάψανε το Δάκκο ( ?)
je me console en pensant que vous avez voulu me
réconforter.
   Après quelques jours de repos, consacrés essentielle-
ment à du courrier, je vais reprendre mes recherches
de toponymie et de spéléologie crétoises, non dans
penser à cet avertissement de l’Ecclésiaste (un Juif fort
hellénisé, banquier des Ptolémées III et IV : Joseph ben Tolbias),
XII, 12 :  « Au reste, mon fils, laisse-moi t’avertir : compo-
ser des livres est une entreprise sans fin et
trop étudier fatigue la chair ». – Bien vôtre PF

P. S. Au moment même où j’achevais cette
courte lettre, je recevais votre lettre du 3. Vous
comprendrez que je ne puis y répondre en détail,
faute de livres. Je vous dis seulement que
les transcriptions de textes en lin. B que vous
lisez dans Ulysse le Crétois sont celles de
Chadwick lui-même, et que je n’ai pas pour-
suivi mon travail de traduction de ces tablettes.
Quant à la lecture des chiffres en lin. A, les
spécialistes ne sont pas encore parvenu à
se mettre d’accord, notamment sue les frac-
tions. Enfin, j’ignore les travaux de M. Casevitz.
   En deux mots : les rapports du mycénien
au minoen sont ceux de l’achéen à l’archado-
chypriote le plus ancien. Du moins, c’est ce que
je peux en entrevoir.