6621 - Sur les difficultés de Leonardo da Vinci en anatomie et en physiologie
N. Lygeros
En raison de son approche descriptive et non fonctionnelle, Lenoardo da vinci affronte des difficultés intrinsèques dans le domaine de l’anatomie et de la physiologie. Il est vrai que son époque antérieure à celle du chirurgien Ambroise Paré (1510-1590) ne connait que peu de choses sur le corps humain. Aussi Leonardo da Vinci avance pas à pas dans un terrain essentiellement inconnu aussi il ne faut pas s’étonner que certaines de ces expériences soient interprétées de manière erronée. De plus, il est nécessaire de réaliser le fait que ses observations sont effectuées sur des corps morts qui ne possèdent plus par conséquent toutes les propriétés des corps vivants.
Considérons l’exemple suivant qui concerne la rate de l’homme.
« Je démontre ici qu’il est impossible d’ôter la rate à l’homme, comme se le figurent ceux qui ignorent la substance dont elle se compose ; car ainsi qu’il est expliqué ici, elle ne pourrait être extraite d’un corps sans causer sa mort, et ceci en raison des veines au moyen desquelles elle alimente l’estomac. »
Il est clair de nos jours, que cette affirmation est absolument fausse non seulement sur le plan théorique mais aussi sur le plan pratique. Ce type d’opération à savoir l’ablation de la rate n’a rien d’extraordinaire.
Cela ne veut pas dire pour autant que l’ensemble de l’étude de Leonardo da Vinci soit sans intérêt. Au contraire comme nous allons pouvoir l’apprécier dans l’extrait suivant, il mentionne de nombreux détails. Seulement nous voyons aussi qu’à sa manière il est capable d’estimer le degré de complexité d’une telle opération à son époque. Aussi nous pensons qu’il faut relativiser son propos et le remplacer dans son contexte d’il y a 500 ans. Il faut donc l’interpréter comme ceci : l’ablation de la rate était impossible à son époque.
Mais voyons l’extrait à présent.
« La veine qui s’étend entre l’entrée du foie et celle de la rate a des racines à cinq ramifications, lesquelles sillonnent les cinq enveloppes du foie, et, du milieu de son tronc, une branche part et s’étend qui sert à la nutrition depuis la base du péritoine, et sillonne toutes ses parties. Un peu plus loin, une branche se lève qui rejoint la partie gauche au-dessous de l’estomac, et à quelque distance de là, aboutit, par deux rameaux, à la rate, dont elle parcourt en se ramifiant toute substance. »
Dans un autre cas, Leonardo da Vinci est amené à affronter une autre difficulté en physiologie. Cette fois, il s’agit d’une expérience in vivo sur l’animal qui demeure néanmoins classique même dans les première années de médecine.
Voyons le premier extrait du recto de la page 211 du Quaderni V.
« La grenouille continue de vivre quelques heures encore après que lui ont été enlevés sa tête, son coeur, et tous ses boyaux. Et, viens-tu à piquer sa moelle épinière, elle se convulse instantanément et meurt. »
Cette partie descriptive de la physiologie ne comporte pas d’erreur. Mais comme dans le cas précédent, il fait une avancée qui le trompe par la suite.
« Tous le nerfs des animaux dérivent de là : est-elle piquée, ils meurent instantanément. »
Cette déduction est plus que hasardeuse. L’ensemble expérimentale de Leonardo da Vinci ne permet pas d’aboutir à cette erreur. Il est en phase d’induction et bien sûr il extrapole à tort. Ceci est encore plus incontestable pour la suite.
« La grenouille meurt instantanément aussitôt qu’est piquée sa moelle épinière; auparavant, elle vivait, sans tête, sans cœur, sans boyaux ni entrailles, écorchée : c’est donc là que semble être le foyer du mouvement et de la vie. »
Cette fois, l’erreur est claire. Il considère un circuit électrique en phase de court-circuit et il confond ses éléments et leur nature. Sans comprendre vraiment les caractéristiques du cerveau, l’importance de la moelle épinière l’induit en erreur. En effet, même la section de cette dernière n’engendre pas la mort comme le prouve tout individue tétraplégique. Cependant il ne faut pas oublier l’importance donnée au foie dans les époques antérieures, aussi cette erreur se trouve néanmoins sur le bon chemin, seulement la complexité de la nature était encore plus grande que son imagination.