6790 - Notes sur la machine volante de Leonardo da Vinci
N. Lygeros
Pour Leonardo da Vinci, l’idée de réaliser une machine volante ne provient pas seulement de l’observation du vol des oiseaux. Il s’agit pour lui d’une véritable approche théorique qui a transformé l’impensable en utopie, avant d’être transformé à son tour en objet réalisable. En d’autres termes, il réfléchissait sur le problème de l’impensable !
« Un oiseau est un instrument qui fonctionne selon la loi mathématique, instrument que l’homme est capable de reproduire avec tous ses mouvements, mais non avec une force correspondante, encore qu’il ne soit défectueux que sous le rapport de la conservation de l’équilibre. »
Cette remarque sur l’aptitude à reproduire les mouvements, est tout à fait révélatrice de la pensée de Leonardo da Vinci. Il réfléchit avant tout en tant que mécaniste. Les mouvements peuvent être simulés car ils obéissent à des lois mathématiques. En ayant le même substrat, il est donc possible de modéliser le phénomène même s’il existe des difficultés techniques.
« Nous pouvons donc dire qu’à un tel instrument, construit par l’homme, rien ne manque hormis la vie de l’oiseau, vie qu’est tenue de lui fournir celle de l’homme. »
Même cette approche du vivant corollaire son point de vue global à la mécanique s’associe au vivant comme un appareil indépendant. Cette approche si courante à l’époque de l’automatisme représentait un changement de phase à la Renaissance.
« La vie qui réside dans les membres des oiseaux est sans conteste plus conforme à leurs besoins que celle de l’homme, distincte de la leur ; et notamment en ce qui concerne les mouvements presque imperceptibles qui maintiennent l’équilibre. »
Il étudie de manière comparative les mouvements et surtout les moindres détails. Il a fait de même d’ailleurs avec les insectes et en particulier la libellule et le papillon. Il ne se contente donc pas d’étudier les grandes lignes du vol.
« Mais comme nous voyons l’oiseau équipé en vue de nombreuses variétés de mouvements, cette expérience nous autorise à dire que l’intellect humain sera apte à comprendre les plus rudimentaires d’entre eux, et que dans une grande mesure, il saura parer à la destruction de cet instrument dont il est lui-même devenu le principe vivant et le propulseur. »
Il est intéressant de remarquer que Leonardo da Vinci s’appuie sur l’intelligence humaine pour dépasser les problèmes techniques à surmonter pour atteindre l’objectif annoncé. Il mentionne de plus le problème de la sécurité de l’appareil, fait qui signifie qu’il a déjà conscience des risques à prendre.