7702 - Réflexions algorithmiques sur les PAROLES DE CONFUCIUS
N. Lygeros
La voie de la Grande Étude consiste en trois choses, qui sont de faire briller en soi-même les vertus brillantes que la nature met dans l’âme de chacun, de renouveler les autres hommes, et de se fixer pour terme la plus haute perfection.
*La vision ternaire de la pensée de Confucius n’est pas symétrique, contrairement a ce que l’on pourrait penser au premier abord. En effet, même s’ils sont présentés comme des objectifs, les trois éléments de la voie sont de nature différente : réflexive, altruiste et programmatique. Il commence par soi, en exploitant une propriété générique basée sur l’universalité de son raisonnement, afin de l’appliquer à tout être humain. Continue avec le complémentaire, à savoir les autres, pour aboutir a une vision commune et partageable.
Connaissant le terme où l’on doit tendre et s’arrêter, on peut prendre une détermination. Cette détermination étant prise, l’esprit peut avoir le repos. L’esprit, étant en repos, peut jouir de la tranquillité. Jouissant de la tranquillité, il peut examiner les choses. Après cet examen, on peut atteindre le but, qui est la perfection.
*Dans cette phase, nous avons une analyse rétrograde qui permet de chainer les étapes intermédiaires nécessaires à l’obtention de l’objectif final à savoir la perfection. Chaque étape est mise en exergue car elle représente une condition nécessaire même si elle n’est pas nécessairement suffisante. Le but est donc bien une entité méta-stratégique qui va définir la stratégie à suivre pour l’atteindre efficacement.
En toute chose il faut distinguer le principal et l’accessoire et, dans les affaires, la fin et le commencement. Celui qui sait mettre chaque chose en son rang n’est pas loin de la voie de la Grande Étude ou de la perfection.
*La première partie opère une dichotomie discriminante qui filtre les données et ensuite une analogie pour aboutir à l’initialisation et la terminaison. La seconde partie met en évidence l’apport de la hiérarchie des opérations à mettre en place. Nous avons l’établissement d’une base de données.
Les anciens princes, pour faire briller les vertus naturelles dans le cœur de tous les hommes, s’appliquaient auparavant à bien gouverner chacun sa principauté. Pour bien gouverner leurs principautés, ils mettaient auparavant le bon ordre dans leurs familles. Pour mettre le bon ordre dans leurs familles, ils travaillaient auparavant à se perfectionner eux-mêmes, ils réglaient auparavant les mouvements de leur cœur. Pour régler les mouvements de leur cœur, ils rendaient auparavant leur volonté parfaite. Pour rendre leur volonté parfaite, ils développaient leurs connaissances le plus possible. On développe ses connaissances en scrutant la nature des choses.
*Cette fois, nous avons une application historique des préceptes énoncés précédemment afin d’expliciter la structure théorique sur une réalisation. C’est aussi une manière de convaincre via le vécu et l’expérience historique. En d’autres termes, il effectue un backtracking pour être certain d’être compris par ce qui ne maitrise pas le raisonnement purement formel. Dans ce champ, nous avons un passage des données aux connaissances.
La nature des choses une fois scrutée, les connaissances atteignent leur plus haut degré. Les connaissances étant arrivées à leur plus haut degré, la volonté devient parfaite. La volonté étant parfaite, les mouvements du cœur sont réglés. Les mouvements du cœur étant réglés, tout homme est exempt de défauts. Après s’être corrigé soi -même, on établit l’ordre dans la famille. L’ordre régnant dans la famille, la principauté est bien gouvernée. La principauté étant bien gouvernée, bientôt tout l’empire jouit de la paix. Depuis le Fils du Ciel jusqu’au plus humble particulier, chacun doit avant tout se perfectionner soi-même. Celui qui néglige le principal ne peut régler convenablement les choses qui en dépendent. Jamais un homme qui soigne peu ce qu’il doit aimer le plus n’a gouverné avec diligence ce qui lui est moins cher.
*Cette approche élémentaire utilise le principe du gradient en termes d’optimisation. Elle va du local au global. Elle est certes plus aisée ainsi mais il n’est pas démontré qu’elle aboutit à l’objectif optimal. Toute la procédure est entièrement basée sur la théorie de la décision qui est bornée par la théorie des jeux. Il s’agit donc bien d’une approche individualiste qui espère que le meilleur de chacun, une fois généralisé apportera le meilleur pour tous.