1559 - Pacta sunt servanda
N. Lygeros
Les accords doivent être respectés certes mais par tous ! Et c’est cela le problème de tout traité signé avec la Turquie. La liste des traités signés par la Turquie et jamais respectés par elle, est bien trop longue pour cet article. Nous nous contenterons de préciser le fait que la Turquie exploite la signature des traités non pas comme un acte diplomatique mais comme un acte stratégique via sa tactique diachronique. Elle n’existe en tant qu’état que grâce aux erreurs des populations qu’elle a agressées. Grâce à divers traités, comme ceux de Lausanne, de Kars, de Vienne, elle se donne le droit d’occuper des territoires qui ne lui appartiennent pas. Ces territoires font partie de l’histoire d’autres peuples qui ne partagent ni la même culture, ni la même religion. La Turquie utilise les traités pour anéantir les différences et asseoir les acquis de ses violations qui sont utilisées comme les éléments fondateurs de sa politique étrangère. Pour comprendre sa tactique diachronique, il suffit d’examiner une carte (cf. carte) du monde turc telle qu’elle est distribuée dans les écoles via les manuels scolaires. Dans ce qu’il y a de plus officiel de la part d’un état, elle bafoue ouvertement les droits des autres pays et surtout des populations qui y vivent. Car elle ne se contente pas d’accepter des différences. Elle tente de tout uniformiser à travers une propagande digne du régime nazi. Donner un nom à cet ennemi ne signifie pas que nous reconnaissons ses revendications. Nous lui donnons un nom afin qu’il soit identifiable et identifié par nos alliés. Les peuples arménien, chypriote et grec ne peuvent avoir une vision des choses qui comporte des divergences. Le mix stratégique dont nous avons besoin doit se bâtir sur des éléments convergents comme la notion de recours à la Cour européenne des droits de l’homme. Et dans ce cadre l’ennemi doit avoir un nom. D’autant plus que la Cour Européenne des droits de l’Homme permet aussi des recours interétatiques (cf. le cas Chypre contre Turquie Texte). Ici nous voyons bien qu’il est indispensable de nommer l’ennemi pour obtenir gain de cause. Seule l’efficacité de la procédure a un sens pour la cause de ces peuples. Le recours de Chypre permet désormais de considérer comme illégale l’occupation de l’île par la Turquie. Ce point renforce donc l’ensemble des recours effectués par les réfugiés chypriotes. C’est dans ce sens qu’il nous faudra aller par la suite dans le cas arménien. La cause doit se libérer des questions de principes qui ne peuvent que gêner l’ensemble de la stratégie à déployer pour obtenir non seulement gain de cause mais aussi la libération des territoires occupés. Si l’arménité a un sens, c’est à travers ce combat. Les actes et les rapports diplomatiques peuvent attendre l’existence d’un état arménien non démembré. Car tant que l’Arménie sera déracinée de son contexte historique, elle ne pourra servir que d’otage pour annihiler la résistance de la diaspora. Ainsi les traités ne doivent être respectés que s’ils sont respectables.