662 - La petite icône (15)
N. Lygeros
Traduit du Grec par l'auteur
Quand il vit l’icône du Christ, il se souvint de la petite. Il faisait nuit noire et pourtant la petite était venue comme les autres. Elle avait un but : elle voulait voir le voleur de près. Elle le connaissait seulement de réputation. Mais maintenant elle voulait toucher l’homme, celui qui l’avait touchée sans la voir. Le voleur parlait depuis des heures. Il était infatigable. La lutte l’exigeait et le voleur le faisait. La petite écoutait chaque mot et gardait le cadeau dans sa menotte. Elle l’avait volé pour lui offrir quelque chose. Elle ne possédait rien. C’était seulement un petit corps anonyme au milieu d’une sombre nuit. Cependant quand le voleur la toucha il illumina sa vie. Il avait raison. Une seule bougie suffit à éclairer l’obscurité. Elle décida ce jour-là de lui faire un cadeau pour qu’il sache que les êtres qui devenaient des hommes l’aimaient. Quand le voleur termina et que les hommes partirent, la petite s’approcha de lui. Il la vit qui se tenait droite et le regardait. Il la reconnut. C’était la deuxième fois qu’il la voyait. Comme toujours. Il lui parla tendrement comme un père à sa fille. Elle, elle le regardait comme on regarde le soleil avec admiration et crainte. Elle ne savait pas quoi dire et tenait serré son cadeau. Lui seul pouvait l’aider. Enfin elle n’y tint plus et le lui donna. Elle le surprit mais lui, ne dit rien. Il regarda le cadeau de la petite et vit l’icône du Christ. La petite avait fixé son regard au-dessus de lui. Elle s’inquiétait. Seulement quand elle vit les yeux embués de larmes du voleur elle comprit combien elle l’avait touché. Maintenant il savait comme elle l’aimait et sa petite âme aussi. Elle lui avait donné l’icône du Christ pour qu’elle le protège, mais pas juste pour cela. Et maintenant qu’il revenait encore pour les sauver, il portait à la ceinture, à côté de son pistolet, la petite icône de bois.