693 - Le destrier de la nuit (20)
N. Lygeros
Traduit du Grec par l'auteur
Ses armes impitoyables, ses terribles sabots n’avaient rien oublié. Son opulente crinière cachait les blessures des combats qui étaient devenus les symboles de la résistance. Il vivait seul. Personne n’osait l’approcher encore et c’est ce jour-là qu’il entra dans l’église. Tous savaient que le quadrupède était l’alter ego du voleur. Jamais encore il n’avait accepté les chaînes des hommes quand il rencontra le voleur. Il le distingua des autres car il ne possédait rien. Ils partageaient le même monde, la même époque. Ils vivaient indépendants. Leur terrible alliance se fit quand les conquérants arrivèrent pour leur prendre, pour s’emparer de leur terre. Alors l’un devint le porte-bonheur de l’autre. Chacun des deux se battait pour l’autre. C’est seulement alors qu’ils retrouvèrent leurs lames de fer pour résister au croissant qui voulait empiéter sur la terre du soleil. Tout s’obscurcissait pour faire apparaître la puissance lunaire seulement tous deux gardaient profondément en leur sein les morceaux du soleil. Ils se remirent à porter les autres, mais ils étaient toujours seuls même avec les autres. Tous savaient qu’ils tailleraient en pièces de leurs lames de fer ceux qui obéissaient à l’argent et personne ne voulait se trouver près d’eux à l’heure du combat tant ils craignaient la tempête qu’ils provoqueraient. Quand le voleur partit, le destrier ne s’inclina pas devant la lune. Il attendait la fin de l’éclipse. Il se tenait au coeur de la nuit de l’occupation. Mais tous savaient qu’il attendait que brille à nouveau le soleil, ils comprenaient que le jour du jugement dernier était arrivé.