Même si nous oublions volontiers l’importance du rôle de l’esclavage dans l’évolution de la société humaine et même si nous sommes aveugles face aux nouvelles formes qu’il revêt afin de ne pas être accusé, il n’en demeure pas moins que son impact sur l’humanité est l’un des graves et des plus noirs.

L’esclavage accepté comme un état de fait et même un fait inéluctable a dû se justifier pour survivre et substituer à travers les siècles et pour ce faire, il s’est emparé de la pensée et l’a manipulée à sa guise. Bien que l’esclavage soit une incohérence intrinsèque en termes d’humanité, il a su à travers les époques trouver les arguments convaincants. Alors comment s’étonner de cet aveuglement collectif.

Existe-t-il une raison fondamentale autre que celle de l’argumentation sophiste qui ait pu engendrer cette attitude d’acceptation de la part de la masse humaine. Au fond les hommes n’ont-ils pas accepté des différences réelles mais qu’ils ont interprétées à leur manière. L’important c’est de saisir combien cette aliénation est naturelle. L’esprit sectaire est une facilité. En créant des frontières rigides, il règne en divisant et ne se préoccupe que de ce qui lui semble essentiel, à savoir sa propre survie. Ainsi sa fin justifie ses moyens.

Il est alors intéressant de constater la manière démocratique de procéder pour mettre à mal la moindre forme d’esclavage. En affranchissant les esclaves sous prétexte d’égalité, la démocratie de masse s’est construite sur la manipulation des hommes. La libération des corps n’a jamais correspondu à celle des esprits. Combien d’hommes sont réellement libres ? Combien d’hommes sont esclaves de leur condition ?

Tout le monde désormais est sensible à l’enchaînement des hommes mais seulement lorsque ce dernier est visible. Les chaînes se sont transformées en liens sans que personne ne puisse lutter contre, comme si cela avait été inéluctable, comme si l’esclavage devait survivre même si pour cela il devait se transformer. Seulement rien n’est inéluctable !