1168 - De la profondeur ou la dimension cachée de la peinture
N. Lygeros
Un des points les plus paradoxaux de la peinture c’est de se contenter de vivre dans un espace à deux dimensions pour décrire non seulement l’espace-temps mais aussi la mentation humaine. Bien que ses deux dimensions soient fondamentales par nature, elles ne représentent pas pour autant son essence. Elles ne sont des éléments constituants du tableau que pour mettre en valeur sa double dimension cachée : la perspective lorsqu’elle fut découverte mais surtout la profondeur ; sa profondeur dans tous les sens du terme. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous ne savons jamais à quelle distance il faut regarder un tableau afin de le voir comme le souhaiterait son créateur. Il ne suffit pas de vouloir, il faut aussi le pouvoir car parfois les détails qui sont d’une importance extrême si nous désirons véritablement comprendre l’oeuvre, sont inaccessibles. Ceci n’est pas seulement dû à un problème de vision mais aussi de compréhension car le symbole peut être présent et visible sans être vraiment interprétable hors contexte. Car parfois le contexte est aussi important que le symbole pour la compréhension de ce dernier. Il est évident qu’il existe des symbolismes dans les oeuvres de Leonardo da Vinci puisque nous avons différentes versions d’un même thème néanmoins ce n’est pas pour autant que leur interprétation est aisée. Le fait de savoir que l’oeuvre possède une dimension cachée n’implique pas que cela constitue une aide précieuse au déchiffrement de son sens. Quoi qu’il en soit certains détails sont importants en eux-mêmes comme nous pouvons le constater dans les oeuvres de Escher. Aussi ils représentent la justification de la profondeur. De plus cela permet d’envisager ce que nous qualifierons de signature dans le domaine de la cryptographie. Et cette signature peut être exploitée pour non seulement signer formellement l’oeuvre mais aussi pour la coder dans son ensemble. Dans ce dernier cas, elle représente la toile de fond et c’est sur ce canevas non neutre que va s’inscrire l’oeuvre du maître. De cette manière toute la profondeur formelle du tableau se trouve à sa surface. Ainsi chaque élément du tableau porte en lui-même une partie de l’information globale. Une autre possibilité consiste à utiliser la notion d’incrustation. En d’autres termes, il s’agit d’incorporer dans le tableau un segment informatif qui permet de signer l’oeuvre et qui n’est visible qu’à l’aide d’un fort grossissement de l’oeuvre à cet endroit précis. De cette manière, la profondeur prend alors toute sa dimension puisqu’elle sera nécessaire pour la voir dans ce sens nous retrouvons le schéma mental du raisonnement non uniforme puisqu’il faut s’éloigner de l’oeuvre pour l’approfondir et en comprendre son sens caché dans sa dimension formelle.