1174 - De l’humanité en théologie
N. Lygeros
Cela peut sembler quelque peu surprenant au premier abord mais l’humanité joue un rôle extrêmement important dans les religions et en particulier dans celles qui sont monothéistes. Cependant contre toute attente ce rôle est rarement positif, comme si l’aspect humain d’une religion officielle signifiait qu’elle était dogmatiquement incomplète. Nous pourrions tenter de contrer cette idéologie et affirmer que l’humanisme constitue un point positif cependant ceci n’est pas notre propos. En effet, l’histoire montre que tout aspect humain finit par devenir une hérésie pour les religions officielles. Ainsi loin de tenter de réfuter cela, nous préférons retourner l’argumentation et expliciter cette idée sans doute invraisemblable de prime abord, à savoir que l’humanisme évite le dogmatisme social. C’est pour cette raison que les religions qui ont rôle social, refusent les aspects humains dans leurs axiomatiques. En effet, ces aspects affaiblissent la puissance de ces religions qui ne justifient leur existence que par le fait qu’elles sont au-dessus de l’homme dans tous les sens du terme. Elles ne sont pas découvertes mais révélées. Elles ne donnent par définition aucune part active aux humains, elles se contentent de les considérer comme des êtres qui doivent être gérés par une volonté supra humaine. Aussi toute tentative d’humaniser un de ses constituants divins est interprétée comme un affaiblissement de la structure initiale. Alors afin d’éviter une gangrène généralisée, le pouvoir central se précipite pour mettre en évidence l’aspect hérétique de la chose. L’histoire des religions est parsemée de ces hérésies humanistes qui ont souvent été combattue avec virulence mais aussi avec violence, comme si cette position alternative était encore plus subversive qu’un simple athéisme, comme si ce dernier était considéré comme une absence de prise de position, comme s’il s’agissait d’un vote blanc qui ne pouvait remettre en cause les fondements de la religion principale. Ceci est particulièrement révélateur de l’action d’un organe comme l’inquisition. La plupart de ses victimes n’étaient pas sans rapport avec la religion officielle. Et des intellectuels comme Giordano Bruno constituent des paradigmes de résistance à aggressive oppression. Via l’esprit humain nous pouvons déterminer les véritables tentatives de comprendre le monde sans nécessairement passer par le processus de divinisation qui agit comme un moyen de niveler toutes les différences afin de mettre en place un pouvoir inaccessible. En réalité nous ne pouvons manquer d’observer que ce processus correspond à une massification de la religion via la société car il ne s’agit plus d’une religion intemporelle mais bien temporelle i.e. avec un puissant ancrage dans la réalité sociale sans que cela signifie pour autant qu’elle se rapproche d’une éthique humaine.