1250 - Le métier d’aider
N. Lygeros
Même s’il existe le métier d’apprendre il semble que cela ne soit pas suffisant pour définir le métier d’aider. Cela provient sans doute d’une différence intrinsèque à savoir que le premier peut se concevoir et exister seul, tandis que le second nécessite la présence de l’autre. Dans un cas il s’agit d’un point isolé, dans l’autre d’un couple. De plus, alors que l’approche noétique est suffisante pour le métier d’apprendre, la relation humaine est nécessaire pour le métier d’aider. Cette dépendance de l’autre provoque chez l’un le sentiment de ne pas être suffisant. Pourtant, si le jeu de mot est permis alors il faut bien l’avouer, c’est le cas.
La combinaison du métier d’apprendre et du métier d’aider permet de définir intrinsèquement la notion d’homme, dans le sens humain du terme. Nous avons d’une part l’aspect mental et d’autre part l’aspect relationnel. L’un est un point initial et l’autre l’aboutissement d’une procédure interactive. Car c’est via le métier d’aider que cette dualité prend tout son sens. Et c’est à travers la notion de métier qu’elle acquiert son statut.
Cela peut sembler quelque peu surprenant d’utiliser le terme de métier afin de parler de la notion d’aide. Cela est pourtant nécessaire. Car il ne s’agit pas réellement d’aide, si elle n’est pas efficace. Ce type d’aide théorique ressemble à un concept et non à une réalisation relationnelle. Elle reste donc dans la première partie, à savoir le champ noétique. Ce n’est qu’à travers la complétion de la réalisation que nous pouvons parler vraiment d’aide car la personne aidée peut produire le feedback nécessaire à la certification. Sinon nous pourrions la réduire à une simple volonté nilpotente. L’aspect social du terme est donc essentiellement restreint. Car il ne s’agit pas d’un compromis mais d’un processus d’entraide. Nous retrouvons, de manière moins poétique certes, une idée exprimée par Jacques Prévert dans un de ces poèmes. Il ne faut pas s’apitoyer. Et si nous souffrons pour les autres, il faut les aider. Mais souffrir sans aider n’apporte rien à personne. Alors dans ce cas autant être indifférent puisque le résultat est absolument identique. Une autre manière de le dire, c’est la suivante. Seule la projection, à savoir l’efficacité, nous importe et non la structure lorsqu’il s’agit d’aider.
Ainsi, c’est sous l’action de deux paramètres bien distincts mais cependant complémentaires que nous voyons le métier d’aider. Il n’est donc pas étonnant que certains d’entre nous soient plus efficaces que d’autres même si a priori leur potentiel séparé est bien moindre. Nous ne devons donc pas nous restreindre nous-même dans notre volonté d’action puisque celle-ci montre l’ampleur du travail, de l’œuvre réalisée. De plus un corollaire immédiat à cela, c’est le prise de conscience qu’offre en termes de puissance effective, la synergie du groupe. De nombreuses choses qui sont impossibles dans ce métier d’aider lorsque nous sommes seuls, le deviennent quand nous constituons un groupe. Et cela provient de l’application directe du principe qui caractérise le métier d’aider. Le groupe via son action en faisceaux offre un substrat pour la réalisation, bien plus important que l’individu, même si cet individu est différent car il y a le phénomène de masse critique.