1352 - La signature négationniste
N. Lygeros
Si certains membres de l’Union Européenne n’avaient pas encore compris de quoi était capable la Turquie dans le domaine diplomatique, cette fois ils n’auront plus d’excuse. En effet, avec cette signature négationniste du protocole, la Turquie vient de démontrer qu’elle n’était pas seulement capable de bafouer les droits de l’Homme, mais aussi ceux d’un Etat reconnu par la communauté internationale et l’Union Européenne en particulier. Elle nous avait habitués dans le domaine des droits de l’Homme via la non reconnaissance du génocide, à ignorer même les droits les plus fondamentaux. Cependant, cette fois, elle innove gràce à sa signature négationniste. Car elle ne se pose plus comme un état candidat, elle désire imposer sa volonté à l’ensemble de l’Union Européenne. Elle ne se contente plus de signer un traité et de ne jamais l’appliquer, cette fois elle en change la nature via son ajout unilatéral. Sa signature ne revient pas seulement à ne pas reconnaître l’existence de Chypre, mais représente une négation d’un fait. Elle avait tenté via le plan, de neutraliser Chypre, mais après l’échec de celui-ci, elle doit s’efforcer de reprendre l’initiative et ce, de manière offensive. Voilà à présent qui est fait. Chacun des points de l’ajout turc est un camouflet à l’éthique la plus élémentaire et en particulier à celle de l’Union Européenne. Elle n’adopte même plus une position diplomatique, elle affiche haut et fort la couleur afin d’impressionner grâce à son caractère autoritaire et militaire, les démocraties de l’Union Européenne. Il s’agit en réalité d’un défi qui est lancé à l’Union Européenne. Car sa position ne se base sur aucun principe de droit. Il s’agit simplement de l’application d’une politique expansive en matière d’affaires étrangères. C’est le résultat d’une stratégie diachronique dont certains Européens ne prennent conscience que peu à peu. C’est un état qui considère que la guerre représente l’outil par excellence de toute négociation. Une fois que la guerre a modifié radicalement la situation en place, alors commencent les négociations dans une position avantageuse. Ici, la Turquie durcit le ton car elle voit que l’Union Européenne lui donne de la marge avec ses tergiversations intérieures. Seulement, à présent, les dés sont jetés et l’Union Européenne ne peut plus affirmer que nous sommes encore dans le domaine de l’oral. Elle ne doit en aucun cas accepter de cosigner un texte dont la signature négationniste de la Turquie change complètement sa nature. L’Union Européenne doit enfin comprendre qu’un état qui ne reconnaît même pas un génocide qui date de 1915, ne peut être considéré comme solvable du point de vue éthique. C’est un état de non droit où tout est interprété via la force. Cela fait des décennies que la Turquie bafoue les droits humains de Chypre. A présent, à travers la signature négationniste du protocole, elle tente de la réduire à néant en impressionnant l’Union Européenne par son outrecuidance. Cependant l’Union Européenne n’est pas un petit état sans défense, elle a acquis une envergure internationale, et elle doit maintenant démontrer sa capacité à se faire respecter. Car il s’agit de sa propre structure que la Turquie tente de remettre en cause.