1481 - Communiqué de presse : les cordes du temps.
N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras
Le livre Les cordes du temps n’est pas seulement une œuvre théâtrale ou un scénario cinématographique, c’est une relation avec la Thrace et ses hommes et un rapport à la mémoire pontique. Chaque mot de l’œuvre est une pensée et une blessure. Sa sobriété provient du respect de l’auteur envers le génocide des Pontiques. Les crimes contre l’humanité nous grandissent et nous permettent de dépasser notre humanité pour nous battre pour un peuple qui souffre.
Dans l’œuvre, les cordes du temps sont les hommes. Les hommes qui vivent et meurent pour les autres. Les hommes qui viennent du passé pour créer le futur. Dans les cordes du temps il n’y a pas d’individus, seulement des hommes qui ne veulent pas oublier, qui ne veulent pas s’associer au génocide de la mémoire. C’est pour cela que les hommes de l’œuvre sont en chair et en os. Ce ne sont pas seulement des concepts ou des entités d’une stratégie abstraite. Ce sont des échantillons et des exemples d’humanité. Ce sont des textes et des objets d’affliction.
L’écrivain tente l’impossible. Il crée la pensée d’un peuple avec les morceaux du temps, les pierres de la douleur pour que nous n’oubliions pas. Dans l’oubli il a trouvé les racines de la mémoire et avec elles il écrit l’ histoire humaine de la résistance d’un peuple à la barbarie. Nul ne peut vivre un génocide, mais il existe des hommes qui peuvent mourir pour sa reconnaissance. Et quand la tradition d’un peuple ne suffit pas alors survient le mythe pour écrire l’histoire du futur.
Les inconnus sont inconnus car les noms ne supportent pas tant d’humanité. Comme le soldat inconnu qui est le seul soldat qui puisse résister à la charge du combat, les inconnus sont les seuls qui résistent au poids du génocide. Les inconnus sont des hommes qui demeurent anonymes car ils se battent uniquement pour les autres. Comme le peintre d’icônes qui n’est connu que grâce à son œuvre, les inconnus sont l’œuvre qui crée l’être.
A travers le regard de l’auteur il existe une vision d’une autre Thrace qui ne pleure plus son destin et qui revendique ses droits, d’une autre Mer Noire qui doit vivre sa mort pour que notre Romanie refleurisse.