1505 - Une question de bioéthique
N. Lygeros
Dans le cadre du questionnaire de bioéthique que nous avons conçu (cf. opus 722) nous avons été amené à considérer la possibilité du choix du sexe de l’enfant. Ainsi nous avons constaté, du moins parmi nos étudiants en bioéthique qu’il était possible de voir une évolution dans leur réponse en fonction des sujets traités au cours de nos conférences. Plus précisément, nous avons eu le cas d’un changement de point de vue radical basé sur une interprétation des possibilités offertes par le recours du diagnostic génétique.
Le raisonnement de la personne consiste en le syllogisme suivant : puisque le diagnostic génétique permet le dépistage d’une maladie génétique et que celle-ci peut dépendre du sexe de l’enfant alors il est préférable de choisir le sexe. Le problème et le danger de ce type de raisonnement c’est qu’une fois massifié, il peut très facilement engendrer de l’eugénisme négatif.
En effet, la généralisation de ce schéma permet d’exclure en moyenne l’un des deux sexes en raison de sa moindre résistance aux maladies génétiques. Car même si nous pouvons observer des variations relatives, une pondération moyenne suivie d’une optimisation globale permettra d’effectuer le choix optimal.
Aussi l’unique façon d’éviter ce problème et le danger qu’il représente, c’est de minimiser ce choix et de ne l’effectuer que dans des conditions extrêmement précises qui seront fonction des antécédents des parents.
Malgré tout, nous voyons que même ces conditions exceptionnelles, si elles deviennent un critère systématique ne peuvent manquer d’engendrer un eugénisme négatif. Cela prouve aussi l’importance du rôle médiologique du comité éthique qui grâce à ses connaissances doit faire comprendre aux personnes non spécialistes les conséquences à grande échelle d’un choix en apparence minime. Car il n’est pas non plus difficile d’imaginer les déviations possibles lorsque nous analysons le phénomène de la natalité dans un pays comme la Chine où la différenciation sexuelle est recherchée par les familles en raison des choix politiques du gouvernement chinois.
Ainsi cette difficulté mise en évidence par ce changement d’attitude, doit être prise en compte au niveau didactique dans le cadre de l’enseignement de cette matière. Car ce type de réaction sera tout à fait classique pour de nombreuses personnes, une fois qu’elles auront subi une désinformation ou plus précisément la mise en place d’un dogme susceptible de regrouper des efforts conjoints dans ce domaine. Surtout si le choix du sexe via le diagnostic génétique correspond à une préférence sociale particulière. Les étudiants doivent être capables d’analyser les conséquences d’un choix de ce type en dehors de données purement locales afin d’envisager la réaction de la société face à ce type de problème.
Il est aussi nécessaire de contextualiser le problème en fonction du niveau culturel des personnes concernées et c’est pour cette raison que nous mettons en place une étude de ce type basée sur un échantillon de personnes interrogées beaucoup plus important. Ainsi nous expliciterons s’il existe une tendance a priori qui peut être confortée a posteriori via une interprétation biaisée de l’apport de la génétique.