9321 - Le plan de bataille
N. Lygeros
La bibliothécaire, le page et le diplomate attendait avec impatience les écrits du Maître. Tous savaient qu’il se tramait quelque chose entre les chevaliers. Seule la Rose n’avait pas été gagnée par l’impatience car elle connaissait son devoir. Elle serait informée en temps voulu, comme dans le passé, dans leurs précédents combats ou le sort de l’île de Levant avait été en jeu. Cependant le Chevalier d’outre-mer reprit le contact et les l’échange segmenté eu lieu à nouveau, cette fois en quatre langues différentes. Le français et le latin avaient enrichi l’anglais et le grec pour répondre avec plus d’acuité à une problématique qui devenait de plus en plus tangible. L’état allait se modifier, il fallait donc en tenir compte dans leur analyse de la situation. Ce n’était évidemment pas une situation de crise mais bien une préparation de la stratégie à mettre en place avec le changement de décor. La position des pièces et des pions sur l’échiquier ne seraient pas l’initiale aussi il fallait prévoir avec de profondeur les coups à venir car il était certain désormais que la pression serait plus importante. L’affaire du grand bleu prenait de plus en plus une teneur politique et même si cela inquiétait quelque peu l’un, cela représentait le but de l’autre. Le droit est la règle devaient s’unir plus étroitement afin d’être encore plus efficaces. Une approche convenue. La position adoptée ne serait plus l’attente, mais l’action indirecte dans un premier temps. Le changement de phase est imminent.
Il fallait travailler même tard dans la nuit pour informer l’ensemble des acteurs en jeu car il était indispensable d’étudier l’histoire pour préparer l’avenir. Cela allait dans le sens de la théorie de la ramification. Aussi il étudiait le nom de l’ensemble des galères et de leur capitaine. Cette analyse sémantique était consistante avec l’approche globale même si cela n’était pas clair pour la bibliothécaire. Cependant elle continua à prendre des notes pour aider son Maître. Elle se demanda s’il ne fallait pas compléter cette recherche avec les noms de la flotte ennemie. Mais un nouveau message l’interrompit. Un conseil stratégique était nécessaire car il s’agissait d’intervenir dans l’espace social qui n’avait aucune possibilité d’imaginer l’espace temporel qui reliait toutes les parties qui enjambaient les rives opposées. La civilisation laissait indifférente la société car cette dernière pensait être la seule à maîtriser le monde sans avoir conscience qu’elle ne pouvait que vivre et bien sûr disparaître dans ce monde sans pouvoir pour autant le créer. La société ne voulait pas accepter l’existence du concept de guerre entre civilisations. Ce n’était pas dû au fait qu’elle était dépourvue d’une approche polémologique mais surtout qu’elle ne voulait pas même accepter l’existence des civilisations car ces dernières étaient par nécessité plus proches de l’Humanité. Le page ne savait plus où donner de la tête en attendant. Quant au diplomate, il restait dans l’expectative. Le chevalier établit le contact et mentionna les pas stratégiques à suivre pour obtenir enfin via la politique, l’étendue réelle du grand bleu.