9117 - L’Europe, le port de l’Humanité
N. Lygeros
Nous ne cessons de critiquer l’Europe comme si le vieux continent n’était qu’un bouc émissaire pour notre pensée. Nous trouvons que l’Union Européenne n’en fait pas assez et que nous sommes dans une situation de crise à cause de ses prétentions qu’elle ne peut soutenir. Nous sommes persuadés qu’il n’existe même pas de dénominateur commun entre les États-Membres comme si notre vision était restreinte par les États-Unis d’Amérique. Malgré cela nous sommes tous Européens. Ou, peut-être, à travers tout cela, nous prouvons que nous sommes bien des Européens, tellement pétris de démocratie que nous en oublions les effets. L’Europe a traversé les âges et a su donner une vision au monde. Certes, certains n’y voient que les aspects négatifs du colonialisme et se pressent d’oublier des notions aussi fondamentales que l’hellénisme et l’humanisme qui représentent malgré eux, des dons à l’humanité tout entière. Pourquoi oublient-ils si facilement que c’est la petite Europe qui est partie à la recherche des autres continents ? Des explorateurs comme Colomb, de Gama et Magellan n’étaient-ils pas Européens avant tout ? Et puis si nous poursuivons cette idée, comment ne pas voir dans l’Europe, ce port de l’Humanité, d’où l’on vient et où l’on revient ? Car l’Europe n’est pas Troie mais l’île d’Ithaque. Car l’Europe n’est pas la guerre de Troie mais l’Odyssée. Elle se définit par le voyage du retour aux sources après l’exploration du monde. Elle est donc un voyage temporel immobile dans l’espace, voilà pourquoi elle est diachronique. Et puis si l’Europe existe en tant que limite, ce n’est pas en raison de frontière mais de la terre elle-même, de la terre à travers la montagne mais aussi la mer. En effet, le bord se définit par le Caucase et le Mythe de Prométhée, par l’Océan de la découverte, par notre Mer, la Mer Méditerranée et par les aurores boréales, la lumière du blanc. Rien en cela n’est artificiel et tout est symbole à l’instar de ce mot. Nous sommes en Europe des tesselles monochromatiques et même si celles-ci sont petites, elles demeurent inchangées malgré les intempéries et les difficultés, malgré les souffrances et les martyres. Cependant toute cette diversité, c’est justement notre richesse. Au sein des bords de la lumière, l’Humanité et le temps vivent en Europe grâce à l’acceptation de la différence, de cette différence qui fait la différence. Et puis à travers notre Union nous sommes capables de produire une des plus belles mosaïques du monde. Une mosaïque polychromatique qui doit ses couleurs à nous tous et qui représente une autre couleur, qui est unique par sa multiplicité et non multiple dans son unicité. Voilà aussi pourquoi nous sommes la reconnaissance car cette idée n’a pas de sens sans le retour, mais le tour en tant que périple, en tant qu’accomplissement dans la recherche de la perfection et non de la complétude. Car si nous sommes hors équilibre, c’est pour créer le nouveau à partir des fondements.