865 - L’histoire est un organisme vivant
N. Lygeros
Le concept communément accepté en ce qui concerne l’entité historique, c’est la stabilité voir l’inertie de cette dernière. Dans le sens où elle est considérée comme un objet indépendant de toute intervention humaine l’histoire semble par nature inchangeable. Cependant les nouvelles approches historiques ainsi que les découvertes archéologiques viennent remettre en cause ces idées quelque peu simplistes.
L’histoire même si elle est théorisée doit être complétée par la notion d’observation. L’histoire est avant tout un souvenir qu’il soit effectif ou latent. Les hommes font des choix qu’ils peuvent modifier selon les buts qu’ils cherchent à atteindre. L’histoire est souvent utilisée comme une justification a posteriori. Elle est de plus interprétable de multiples manières. Elle n’est en somme ni objective ni subjective au sens restreint du terme. Elle ressemble plus à un organisme vivant qui évolue et ce, parfois de manière incontrôlable via le système des révolutions et des découvertes.
Grâce aux déchiffrements du mycénien par Ventris et Chadwick, nos connaissances sur le monde et la civilisation associée à cette langue sont considérablement plus grandes que celles de Evans qui a découvert les tablettes en linéaire B mais aussi que celles de Sophocle, Euripide et Eschyle.
Notre vision du monde biblique s’est sensiblement modifiée avec la découverte des manuscrits de la Mer Morte car nous avions accès à des informations directes et non encore interprétées de manière scolastique. Et cela nous permet des informations qui mettent en évidence les faiblesses de certaines.
De plus l’avènement d’évènements nouveaux nous permet d’interpréter mais aussi de comprendre avec du recul des évènements anciens que nous avions inconsciemment voués au rang d’entités historiques. La ressemblance nous permet d’accéder aux différences qui semblent inutilement dérisoires. Pour l’ensemble de ces raisons et d’autres que nous n’avons pas touché dans cette note, nous pensons que l’histoire doit être observée comme un organisme vivant dont l’apparence dépend aussi du milieu dans lequel elle est plongée. Sans être caméléonienne par nature, elle le devient par projection.