819 - La diplomatie française et le problème chypriote
N. Lygeros
Bien que les analyses du rôle de la diplomatie française au niveau du conseil de sécurité de l’ONU en relation avec la proposition de plan du secrétaire général soient diverses, il n’en demeure pas moins qu’il est globalement interprété positivement aussi bien par les journaux grecs que chypriotes. Les deux grandes tendances en ce qui concerne le rôle proprement dit sont les suivantes :
Certains considèrent que la France, comme la Chine d’ailleurs ainsi que la Russie, a réagi selon les principes établis par Pavlov. En effet celle-ci en étudiant le plan Annan n’a pu manquer de constater l’ingérence stratégique et militaire du Royaume-Uni en particulier en lisant les articles 5 et 6 du protocole de coalition qui permettent l’extension maritime et terrestre des bases anglaises qui sont souveraines à Chypre. Ainsi le plan Annan a été considéré comme une initiative anglo-américaine d’ordre stratégique dépourvue de toute volonté de résolution véritable du problème.La France n’a retiré ses objections que lorsqu’il était certain que le parti chypriote qui avait demandé des modifications n’accepterait pas celles qui avaient été proposées par l’ONU.
D’autres considèrent que la diplomatie française a en quelque sorte suivi le dogme stratégique qui consiste à couper court aux négociations prévues pour l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne. En effet afin d’éliminer toute chance de succès à la candidature turque, la France n’a aucun intérêt à aider à la résolution du problème chypriote et faciliter ainsi le chemin de la Turquie d’autant plus que cette résolution ne semble que formelle et sans aucune garantie de réalisation. En rendant difficile l’ acceptation du plan Annan la France clôt pour ainsi dire l’accès européen à la Turquie. Et c’est consciente de cette tendance que la diplomatie chypriote a pu affirmer plus clairement ses positions et les exprimer via les discours du président.
De plus, si nous tenons compte de la possibilité du veto français et de sa dynamique comme nous avons pu le constater pour la guerre en Irak, il est alors aisé de comprendre l’approche apparemment divergente de points de vue de la France et de l’Allemagne alors que sur le fond ces deux pays partagent exactement les mêmes idées en ce qui concerne la politique européenne et spécifiquement la candidature turque : il est inutile de montrer une coalition stratégique lorsqu’elle n’est pas indispensable.