76647 - La passion du violoncelle
N. Lygeros
Ce n’était pas seulement un violon d’Ingres, sa passion pour le violoncelle. Elle résultait d’un amour à la source, d’un amour presque charnel qui allait au-delà de la simple représentation du violoncelliste par Paul Gauguin. Tout d’abord, c’est l’instrument qui est le plus proche de la voix humaine. Ensuite il est tenu entre les jambes et repose à peine sur la poitrine. Ainsi son corps est pour ainsi dire embrassé par l’instrumentiste. C’était comme si le peintre embrassait une toile de taille humaine. Cet ensemble forme un couple qui s’appuie sur une relation duale. L’instrumentiste joue sur l’instrument qui à son tour le fait résonner via son corps. Il y voyait donc cet assemblage de corpus et d’opus. Aussi comment ne pas contempler cette approche chevaleresque qui est renforcée par le jeu de l’archet. Cette passion pour le violoncelle allait au-delà de l’amour de la viole de gambe ou même de son ancêtre lointain le rebab aussi en raison de cette position. Cependant la perfection de cette passion était la plus visible dans le jeu de la main gauche avec ses positions, ses extensions, son démanché et son vibrato qui augmentait l’éros de l’instrument.