Sur le bureau l’attendait son nouveau carnet. Il venait de finir d’écrire un livre et commençait à peine à l’utiliser. D’ailleurs c’était sur ce dernier qu’il avait écrit les derniers chapitres aussi il ne fut pas surpris de recevoir une nouvelle commande afin que ce dernier ait aussi son essence. C’était une question d’humanité ou plutôt la nécessité de la triple existence que donne le goût de la vie. Il regarda précisément les pages écrites et celles qui étaient encore blanches. Pour marquer le changement de phase, il ouvrit le carnet exactement à la frontière. C’était là qu’il placerait l’essence du futur pour laisser une trace du passé. Il se leva et se mit à l’action. Ses pinceaux étaient prêts à recevoir la couleur de l’invisible qui avait cette propriété caméléonnienne. Et lorsque la couleur fut prête, il prit son pinceau et l’étala sur toute la surface comme il le faisait pour préparer sa toile. Lorsque cette couche humaine recouvrit toute la page, il sentit son parfum envahir la pièce. Il attendrait la nuit pour qu’elle incorpore l’essence dans le papier précieux afin d’écrire sur la mémoire du futur.