7528 - Mémoire polyphonique
N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras
Les pages étaient une renaissance de la mémoire polyphonique. Ils n’étaient pas tous identiques, chacun y avait son rôle, sa partition, son œuvre mais cela n’avait un sens que lorsqu’ils étaient tous ensemble comme les pages d’un livre. Ils étaient tous destinés à un seul but. Tout était basé sur l’idée de complémentarité et non d’imitation. Les disciples n’étaient pas des maîtres ni les maîtres des disciples. Les livres de cuir le confirmaient. Ainsi fonctionnaient le passé et l’avenir. Tandis que l’imitation était seulement et uniquement pour le présent. Les valeurs n’avaient pas d’origines et les origines pas de valeurs. C’était ce qu’écrivait le code de la Chevalerie. Un monde entier parallèle existait à côté de chaque société pour soutenir l’évolution et l’humanité. C’était l’esprit diachronique dans les combats et dans les luttes qu’il enseignait à ses disciples. Chacune de ses notions avait un sens à travers le temps, peu importait le lieu. Il ressemblait à la pierre tombale cachée avec le code de la rencontre des vivants à travers les siècles. Eux avaient des croix et n’avaient besoin que d’avoir la vision et le chevalier pour qu’il leur donne avec son épée son mérite, autrement comment pourraient-ils vivre la polycyclicité du temps. Il n’existait pas d’autre façon à cause de la musique et du silence. Seulement pour lire les codes, il fallait apprendre la musique du silence. Le conseil et l’exigence de Leonardo da Vinci, n’avaient pas changé avec les siècles. Cela était le but de la classe du maître. Alors que maintenant le choix du lieu avait pris un autre sens. Le grand bleu avait la profondeur du temps. Le même schéma compréhensible avait traversé les siècles. Les mêmes signaux et les mêmes sens. Il fallait montrer les fondations à l’intérieur des livres et l’étrange écriture car il ne pouvait leur montrer la poignée sans qu’ils connaissent les monstres et les bêtes. À ce moment il se releva et s’approcha de sa bibliothèque pour prendre un autre code qui montrait l’héraldique d’un autre temps. L’étude des armoiries est la cheville de l’histoire a écrit Gérard de Nerval. Chaque héraldiste connaissait la profondeur de cette sentence, mais il savait de plus ses retombées sur les croisés. La polysémie était la clé des mots et cette clé était la seule chose qu’il fallait pour l’existence du contact dans les ponts du temps. Le maître lut plusieurs pages, celles qui décrivaient l’action de Castellorizo. Et quand il referma son livre, une larme glissa sur sa joue. Il ne l’essuya pas et la laissa tomber par terre pour que les siens le sachent quand ils la recevraient parmi eux. Il n’avait pas besoin de verser le vin, la larme était plus précieuse. Ce n’était pas la mer pour la terre, un morceau de temps qui enlaçait l’espace. Il se rassit et commença son nouvel ouvrage.