675 - L’échelle de la vie (16)
N. Lygeros
Traduit du Grec par l'auteur
Il faisait nuit quand le voleur arriva sur la ville vêtue de noir pour la seconde fois. Là-bas, dans le temps sa vie était devenue une gravure. Chaque blessure du bois était aussi la sienne. Et chaque gorge noire était un de ses jours. Dans le silence de l’occupation il entendait les sons de la liberté et traçait sa route. Il ressentait en lui sa rose et reprenait courage. Il marchait seul mais à ses côtés il avait toujours sa présence, celle qu’il nommait sa vie. Il montait sur la pierre noire de son âme et l’accompagnaient les pierres blanches de sa vie. Il gravissait l’échelle de son destin et s’arrêtait à chaque pétale comme les anciens sur les chemins de pierre. Au début il fallait du courage, après de l’audace et à présent, après sa première mort, le voleur n’était qu’audace. Son existence était devenue une nécessité comme dans le temps sa vie. L’occupation avait écrasé toute sa terre, il le voyait sur chaque maison, sur chaque regard de la ville. Pourtant sa patrie blessée l’attendait et lui était déjà en retard. Il devait arriver avant qu’elle ne tombe pour la dernière fois. La résistance voulait un sacrifice et le voleur était ce sacrifice. Quelqu’un devait construire l’échelle de la vie pour les suivants. Tel était le but du voleur, son seul but. Il n’avait à présent plus rien à perdre, le jeu était terminé. Seulement les règles avaient été changées. Le voleur ne suivait plus aucune règle désormais. La nécessité avait brisé les frontières de la mort et de la vie et à présent il devait voler la liberté.