Monsieur Paul Faure Paris, le 21 Octobre 2000 Paris
Αγαπητέ μου Κυρ Νίκο! Non, jamais je n’atteindrai en grec la même dextérité que vous en français. Sincèrement, j’admire l’adresse et la richesse de vocabulaire avec lesquelles vous présentez le drame d’Achille et de Penthésilée. Cela vaudrait d’être proposé et joué au prochain festival d’Avignon, ou adressé à Madame Renée Jacquin, rédactrice en chef de « Connaissance Hellénique. O Λύχνoϛ » Pour être suggéré, soumis au théâtre universitaire de la Faculté des Lettres d’Aix-Marseille. Le sujet, célèbre dans l’art antique, en vaut la peine. Je ne vois à votre texte, si gentiment dédicacé à votre vieux malade du coeur et d’esprit, que quelques impropriétés, faciles à éliminer. Par exemple, p.1 (milieu) : « l’état de la mort » : le domaine, l’empire de. p. 2 (des femmes… en nouvelle lune) et 3 (la femme-lune) : pas claire et plutôt drôle, en fr. ; voyez l’expression : con comme la lune. Même remarque pour vos « f.-lune », p. 11 p. 3 (2è ligne) : « la femme… le maître », est l’âme de la guerre, pour garder le même genre féminin, et surtout pas « la maîtresse ». p. 4 (1ère ligne) : « Achille… le cœur est un phénix ». Jeu de mots à éviter : Phénix est le précepteur d’Achille. p. 4 (2ème réplique) « le générique implique l’universel » : ce n’est pas clair du tout. Par quoi remplacer ce « générique » ? p. 6 (3e ligne) : « la complétude » ( ?) : l’accomplissement, plutôt. p. 7 (2e ″ ) : « elle chevauche… » : terme impropre et jeu de mots, car les Amazones vont toutes… à cheval. p. 8 (5e l. avt la fin) : « mes lances ont transpercé » : une seule a suffi. p. 11 (4e l. ″ ″ ″ ) : « elles montrent toutes dans la direction… » Aucun sens.
p. 14 (4e réplique d’Achille) : « Patrocle est mort dans mon paraître » Cela ne se comprend qu’en grec, où s’opposent aussi fréquemment είναι μέν… φαίνεσθαι. Mettez des substantifs clairs à la place. p. 18 ( 3ème ligne avt la fin) : « leuren vouloir » : incompréhensible ; pronom collectif qui renvoie sans doute à « tout le monde », 2 lignes plus haut. p. 18 (dernière ligne) : « C’est la seule façon d’aimer l’humanité ». Quoi ? être seul, la solitude ? Ce n’est ni vrai, ni juste. Il y a bien d’autres façons d’aimer l’humanité que de se cloîtrer dans sa solitude, tel le moine, le prisonnier, le fou, l’orgueilleux. A vous de jouer ! Et que si, par hasard, vous avez du temps libre, de la patience, du courage, traduisez-moi en votre excellent grec les trois pages 40,43,44 de Connaissance Hellénique O ΛΥΧΝOΣ, n° 77, Octo- bre 1998, partie d’un article que j’ai intitulé « Le linéaire A aux origines de la langue grecque » * et envoyez-moi bien vite votre traduction, tapée à la machine, si possible. Cela m’ests demnadé à l’Université d’Athènes avec un complément, que je prépare, sur les hiéroglyphes crétois ; il me semble évident désormais que les Minoens écrivaient et parlaient une sorte de proto-grec, ancêtre du dialectes arcado-chypriotes, dès le début du 2ème millénaire avant J.-C. Allons, terminez bien le 2ème millénaire après J.-C.et croyez à la victoire finale de l’héllénisme autant que moi je crois à la victoire de l’amour sur le monde, d’Achille amoureux sur Πένθος, le deuil que provoque la guerre. Παθεῖν, μαθεῖν ! μετ’ αγάπης P. F. *Si vous n’avez pas cet article en français, dites-le-moi et je vous l’envoie aussitôt.
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