641 - Le fils de la sainte table (7)
N. Lygeros
Traduit du Grec par l'auteur
Pour leur échapper elle pénétra dans l’église abandonnée de Saint-Georges. Elle savait que le saint protègerait son enfant. Elle monta rapidement au gynécée et regarda dehors à travers les pierres. Cinq hommes arrivaient. La main noire de l’esclavage voulait l’égorger. Elle était prête à mourir depuis le premier instant, seulement elle était enceinte. A présent elle voulait vivre, elle voulait que son enfant vive. Elle regarda à nouveau dehors. Dans peu de temps ils l’attraperaient. Elle ne savait que faire. Mais quand son regard tomba sur la fresque du saint, elle entendit sa voix douce. Elle ne lui répondit pas, elle ne savait que dire. Elle descendit les marches comme on descend en enfer. Elle traversa aussi vite que possible l’église déserte et atteignit l’autel, le lieu sacré. Elle eut peur d’y poser son pied, mais elle entendit les paroles du saint. Elle se cacha derrière l’autel et cela la réconforta. Le saint était avec elle et il prendrait soin de son enfant. Les portes de l’église tremblèrent sous la violence de la main noire. L’église entendit pour la première fois les cris de la colère. Et les cinq vinrent la briser. Deux montèrent immédiatement au gynécée mais ils ne trouvèrent aucune trace. Ils passèrent leurs mains le long des murs de l’église à la recherche d’une cachette secrète. Ils atteignirent le Saint des saints mais ils savaient que la grecque n’oserait pas pêcher car eux-mêmes avaient peur de saint Georges, ils connaissaient sa puissance. Si cela avait été un autre saint, ils auraient déjà brûlé l’église pour la trouver, pour trouver l’infidèle. Celle-ci mordit ses lèvres. Ses douleurs avaient commencé. Comme si l’enfant voulait protéger sa mère, il ne pouvait pas la laisser seule. Les autres étaient si près qu’elle sentait leur souffle sur sa nuque. Elle ne se pencha pas, elle ne savait pas. Elle tenait son enfant qui voulait la liberté et quand ils sortirent de l’église, elle perdit les eaux. Elle ne pouvait plus lui résister. Ce jour-là, sous l’autel, dans le Saint des saints, naquit son fils, le terrible. C’était ce qu’avait voulu le gardien protecteur et c’était ce qui était arrivé. Ce jour-là dans l’église de Saint-Georges naquit le voleur.