5372 - Sur les protocoles de la trahison
N. Lygeros
Les hommes politiques, le président et même l’État d’Arménie ne peuvent être tenus pour responsables de la cause arménienne. Ils ne doivent pas le penser non plus. Ils ne représentent qu’une parcelle d’un problème légal qui ne constitue qu’un élément mineur de la cause arménienne. Car le génocide des Arméniens ne concerne pas seulement l’état arménien mais l’ensemble des Arméniens dans le monde. De plus, la cause arménienne touche tous les guerriers de la paix dans le sens où il s’agit de réparer un crime contre l’humanité. D’ailleurs, comment oublier le fait que les avancées dans la reconnaissance du génocide des Arméniens ne sont essentiellement dues qu’à l’absence concrète et réelle d’un état indépendant de l’Arménie. La meilleure preuve en est l’existence du traité de Kars avant même celui de Lausanne. Aussi de quel droit l’état d’Arménie se permet-il de collaborer, car tout autre mot ne serait qu’un euphémisme, avec un gouvernement qui ne reconnait toujours pas le génocide des Arméniens ? Tente-t-il de ressembler au gouvernement de Vichy qui, sous prétexte de vouloir la paix pour la France, avait abandonné tous ses droits au régime autoritaire des nazis et avait même commencé les rafles des Juifs avant d’avoir reçu l’ordre officiel ? Est-il conscient de ses actes devant la justice humaine ? Pense-t-il que nous pouvons excuser sa lâcheté ? Nous pouvons certes la comprendre mais en aucun cas l’excuser. La majorité dans un gouvernement ne permet pas d’agir en méprisant les autres opinions. Les élections nationales ne constituent pas un système qui représente l’ensemble des Arméniens dans le monde. Aussi comment osent-ils profaner la mémoire du peuple arménien au vu et au su de tout le monde ? Pensent-ils réellement que nous resterons les bras croisés ? Nous n’oublierons ni le génocide des Arméniens ni les combattants de l’Artsakh. Aucun compromis n’est permis sur ces deux causes car elles définissent l’arménité. Toute signature, toute acceptation, ne serait-ce que partielle d’un compromis, ne peut être considérée que comme un acte de trahison. Que nous importe que ce gouvernement s’effondre ou qu’il aille au diable après avoir signé et ratifié les protocoles. L’important n’est pas là. Il s’agit de ne pas lui permettre de ratifier quoi que ce soit. Il s’agit d’exercer une pression insoutenable sur tous les députés qui s’apprêtent à accepter l’intolérable sous prétexte d’aller dans le sens de l’état. Nous n’avons que faire d’un tel état. Allons-nous accepter d’être représenté par des collaborateurs ? Dans le cas d’une trahison étatique, l’insoumission est de rigueur. En France, si le Général de Gaulle et Jean Moulin ne s’étaient pas opposés au Maréchal Pétain et à Laval, nous aurions honte d’être français face à l’humanité tout entière. En nous opposant à la ratification des protocoles de la trahison, c’est à l’Humanité que nous nous adressons en tant qu’Arméniens dignes de l’être.