4529 - La question crétoise
N. Lygeros
– Le siècle d’or de la Crète est donc si important dans l’histoire européenne ?
– Peut-être pas en histoire, mais en art cela est certain.
– Pourquoi une telle certitude ?
– C’est celle qui est chère au Greco !
– Le Greco était donc crétois.
– Oui, précisément.
– Pourquoi est-ce si peu connu ?
– Car les gens ne lisent pas ses œuvres !
– Je ne savais pas qu’il avait écrit.
– Il a signé.
– En grec ?
– Toujours.
– Intéressant…
– Apprentissage italien, gloire espagnole mais signature grecque.
– Est-ce révélateur ?
– À toi de le voir.
– Était-ce ton but ?
– Non. Un temps. Son origine est peut-être inconnue mais il appartient à l’histoire de l’art.
– Alors où veux-tu en venir ?
– Il existait un autre Crétois dans ce siècle.
– Comment se nommait-il ?
– Kornaros !
– Cela ne me dit rien.
– Cela ne me surprend pas.
– C’était un artiste ?
– Un poète, et son œuvre majeure s’intitule Erotokritos.
– Cela m’est parfaitement inconnu.
– Les obstacles de la langue…
– C’est possible.
– Pense au Don Quichotte de Cervantès, c’est la même époque.
– Je vois.
– Et pourtant comment imaginer son ampleur sans lire les dix mille vers de son œuvre.
– Tu as raison, c’est impossible. Aucune traduction n’existe ?
– Toutes partielles, mais une est fidèle à sa forme.
– Alors, pourquoi ne pas la faire connaître ?
– Il faut du temps. Kornaros attend depuis quatre siècles…
– Au moins, certains hommes le connaissent à présent.
– Mais qu’en sera-t-il dans le futur ?