3933 - Remarques sur la page d’écriture de l’Annonciation de Leonardo da Vinci
N. Lygeros
Dans le tableau de l’Annonciation de Leonardo da Vinci, nous voyons la Vierge en train de lire sur un lutrin, richement orné du point de vue architectural, un livre dont les pages sont pour ainsi dire diaphanes.
Elle a sa main droite posée sur le livre, dont nous ne pouvons voir que le recto d’une de ses feuilles. Sur cette page Leonardo da Vinci a dessiné des caractères d’une écriture qui semble alphabétique et même consonantique. Nous savons que Leonardo da Vinci est essentiellement autodidacte et qu’il commet de nombreuses fautes d’orthographe. Ainsi nous n’analyserons pas cette page en considérant que c’est celle d’un linguiste. Néanmoins comme il est possible que Leonardo da Vinci se soit inspiré ou même ait copié un original, nous nous devons d’examiner du point de vue linguistique la page d’écriture de son tableau. De plus nous devons tenir aussi compte du fait de la volonté de ressemblance pour l’œuvre. Nous nous devons d’abord de remarquer que la Vierge n’est pas précisément en train de lire le livre. En effet, la position de son pouce de la main droite montre qu’elle est en train de feuilleter le livre. De nombreuses feuilles du livre se trouvent entre son pouce et son index.
Il nous faut aussi noter que si la position de la main est réaliste par rapport au livre alors ce dernier est nécessairement étroit afin d’offrir la possibilité à l’amplitude de la main de pouvoir tenir les pages de gauche avec le pouce et maintenir appuyées les pages de droite avec l’auriculaire. Cela montre que le livre a un rapport longueur-largeur très important. Pourtant cela ne corrobore pas les règles de la perspective que connaissait déjà Leonardo da Vinci. Pour cela il suffit de considérer les proportions du lutrin architectural avec le livre. En d’autres termes, nous avons une différentiation notable que nous ne devons pas oublier dans notre analyse ultérieure.
Il nous faut de plus remarquer le système de fermeture du livre. Ce dernier possède deux attaches, ce qui confirme l’idée de la taille du livre, au moins en ce qui concerne la hauteur directement et la largeur indirectement. Fait plus important, les attaches ont un sens qui va dans celui d’un livre qui se lit de la gauche vers la droite. Cependant, comme Leonardo da Vinci est fortement gaucher, cet indice n’est pas forcément révélateur. À présent, si nous examinons attentivement l’écriture de cette page, nous observons l’utilisation de deux encres : l’une rouge, l’autre noire. Cette utilisation bicolore peut rappeler un texte biblique ou même un texte évangélique. Ce dernier point ferait alors référence au titre même du tableau. L’examen du sens est à nouveau problématique si nous ne considérons pas qu’il s’agit d’une écriture sinistroverse. Dans ce cas, l’alphabet consonantique serait un bon candidat du point de vue formel. Cependant l’étude comparative des langages suivants : Berbère, Arabe, Hébreu, Persan, Parthe, Nabatéen, Phénicien, Sabin ou Samaritain n’offre pas de points tangibles.
Aussi il faut peut-être rechercher encore d’autres solutions peut-être plus originales. Nous voyons au dessus et en dessous des lettres des signes diacritiques qui pourraient s’interpréter comme des vocalisations. Néanmoins, certaines ressemblances avec un alphabet plus connu sont frappantes. Ainsi nous avons l’occurrence suivante :
L’écriture est assez carrée aussi nous avons tendance à l’associer à la différenciation hébraïque mais son sens demeure surprenant. Il est donc possible que cette écriture soit aussi une pure invention de Leonardo da Vinci car avec lui, même l’impensable reste possible.