3307 - Crime contre l’humanité
N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras
Dans la même maison.
Le portable sonne.
Myrsini : Allo, oui… Un temps. Je suis là… Que lui est-il arrivé ? À Evangelismo ? Un temps. Est-ce très grave ? Silence. Michel, Luis est à l’hôpital. Il est seul…
Michel : Excusez-moi, il faut que j’y aille.
Myrsini : Je viens moi aussi.
Michel : Non, reste ici. Tu sais les hôpitaux…
Myrsini : Bon, comme tu veux.
Agathe : Nous nous occuperons d’elle.
Michel : Je vous téléphonerai dès que j’en saurai un peu plus.
Ange : Courage, mon ami.
Myrsini : Les larmes aux yeux, l’embrasse. Michel s’occupera de tout, c’est un roc !
Agathe serre son amie dans ses bras et lui chuchote à l’oreille.
Agathe : Pardon pour tout…
Myrsini : Si tu savais ce que je lui ai dit…
Elle la serre contre elle aussi.
Ange : Qu’est-il arrivé à Luis ?
Myrsini : Il a perdu la vue.
Agathe : Mon Dieu. Un temps. Et nous ne l’avons pas pris à l’école !
Myrsini : Puisque tu as arrangé tout ça.
Agathe : Si tu savais comme il nous manque. Et Michel va supporter son regard ?
Ange: Les monstres supportent même pire.
Agathe : Ange, tu n’as pas honte.
Ange : Tu as raison. Tout ira bien, tout ira bien.
Il se tait, s’assoit au piano et commence à jouer du Bach.
À l’hôpital.
Luis est aux urgences, il regarde le plafond sans parler. Michel lui prend la main. Il tourne son regard vers lui, une larme coule.
Michel : Tout va s’arranger.
Luis : Maître, que vais-je faire ?
Michel : Qu’est-il arrivé
Luis : J’ai perdu ma lumière…
Michel : Tu as subi un choc… Tu vas te rétablir, tu vas voir.
Luis : Mon amie m’a quitté.
Michel : Mais pourquoi ? Que s’est-il passé ?
Luis : Je ne suis pas fonctionnaire.
Michel : Et seulement pour ça ?
Luis : Oui, elle s’est fatiguée de moi.
Michel : Où est-elle allée ?
Luis : Je ne sais pas. Elle n’a pas voulu me le dire.
Michel : Je peux la trouver.
Luis : Ça ne changera rien. Et maintenant que je ne vois plus, il est exclu qu’elle vienne auprès de moi.
Michel : Ne sois pas injuste avec elle dès le début. Laisse-moi essayer.
Luis : C’est vous qui savez, Maître. Un temps. Moi je ne sais pas voir dans l’obscurité.
Michel : Toi, tu dois te rétablir. Un temps. Autrement, qui va traduire mon œuvre en espagnol ?
Luis : Maître, je veux mourir.
Michel : Ton heure n’est pas venue. Et je ne t’en donne pas le droit ! Avec qui vais-je rire de la mort, si tu pars ?
Luis : Je suis heureux que vous soyez venu. Vous me faîtes du bien… Comme votre œuvre.
Michel : Repose-toi maintenant, je vais revenir.