3294 - Le livre qui n’existait pas
N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras
Dans une librairie, deux femmes
Myrsini : Il n’existe pas de version grecque du livre.
Agathe : Pardon ?
Myrsini : Je vous ai entendue demander Les Justes de Camus.
Agathe : C’est pour mon ami.
Myrsini : Ce livre n’existe pas en grec.
Agathe : Cet homme a eu le prix Nobel et personne n’a pensé à traduire son œuvre ?
Myrsini : Il y a une traduction…je l’ai à la maison…Si vous voulez…
Agathe : Je ne sais pas quoi vous dire. Un temps. C’est mon ami qui veut ce livre. Il est pianiste et il a pensé à quelque chose…
Myrsini : Il donne un concert ?
Agathe : Oui, oui, après-demain. Si vous pouvez…
Myrsini : Après-demain ? Quelle coïncidence !
Agathe : Pourquoi dites-vous ça ?
Myrsini : Mon ami s’est arrangé pour que nous sortions le même soir, pour écouter la sonate grecque.
Agathe : Souriante. C’est le mien qui l’interprète !
Myrsini : Je m’en réjouis. Alors, nous nous retrouverons.
Agathe : Bien sûr. Je m’appelle Agathe.
Myrsini : Et moi Myrsini.
Agathe : Mon ami, Ange.
Myrsini : Mon Michel ne savait même pas me dire son nom.
Agathe : Ah ! Ces hommes ne font attention à rien.
Myrsini : Je vous apporterai la traduction ce soir-là
Agathe : Tutoie moi, tutoie moi…
Myrsini : D’accord.
Agathe : Où vas-tu maintenant ?
Myrsini : Au marché, je voudrais prendre un chapeau et lui faire une surprise.
Agathe : Bonne idée. Allons-y ensemble.
Elles sortent de la librairie et marchent sur le trottoir
Myrsini : Tu es très douce.
Agathe : Seulement avec ceux qui me plaisent. Toi tu me parais quelqu’un de bien.
Myrsini : C’est ce que dit Michel !
Agathe : Je suis sûre qu’il a raison. Un temps. En tout cas il a du goût.
Myrsini : Merci, le tien n’est pas en reste.
Agathe : Ah ! Ta gentillesse !
Myrsini : As-tu une idée pour les chapeaux ?
Agathe : Il y a un magasin plus bas dans la rue Hermès.
Myrsini : Ah, je connais. Un temps. Et on parlera en chemin
Agathe : Ces jours-ci, c’est un peu dur, les répétitions.
Myrsini : Il a le trac ?
Agathe : Tu plaisantes ! C’est moi qui l’ai. La musique et lui ne font qu’un. Le monde est ce qui…Tu sais…
Myrsini : Nous serons là, nous aussi, cette fois-ci.
Agathe : Je le lui dirai pour qu’il soit content.
Myrsini : Tu es musicienne toi aussi ?
Agathe : Non, institutrice.
Myrsini : Comme ça doit être bien pour les enfants !
Agathe : J’ai quelques petits monstres ! Mais ils sont gentils…
Myrsini : J’imagine.
Agathe : Toi, que fais-tu ?
Myrsini : Je suis peintre.
Agathe : Parfait ! Je voudrais voir tes œuvres.
Myrsini : Je te les montrerai, ne t’inquiète pas.
Agathe : Nous sommes arrivées.
Elles entrent dans le magasin.