2951 - Exercice pictural de Leonardo da Vinci
N. Lygeros
Dans l’apprentissage de la technique du portrait, Leonardo da Vinci considère qu’il est essentiel pour le peintre de comprendre d’une part les singularités du visage et d’autre part leurs relations.
«Faire le portrait d’un homme de profil après l’avoir regardé une seule fois. Il faut pour cela faire attention à la diversité des quatre parties distinctes du profil, soit: nez, bouche, menton, front».
Leonardo da Vinci choisit le profil pour éviter le problème de la symétrie et le doublement des singularités. Le profil tient aussi moins compte de la complexité tridimensionnelle du visage. Ce choix lui permet de mettre en évidence 4 structures qui caractérisent le profil. Il nous faut aussi remarquer que Leonardo da Vinci ne propose pas une démarche linéaire qui irait par exemple du haut vers le bas. Il se concentre tout d’abord sur le nez qui représente de profil la partie la plus proéminente du visage. Ensuite, il poursuit avec la bouche comme continuation naturelle, et il finit par le menton pour la partie inférieure. Ce n’est qu’après cela qu’il s’intéresse au front. Dans cet exercice, il ne se préoccupe pas de l’oeil sans doute pour accentuer l’effet de bord qui structure le visage. En ce qui concerne le nez, Leonardo de Vinci effectue une véritable taxinomie.
«Parlons d’abords des nez qui sont de trois sortes, à savoir: droit, concave, et convexe».
Il commence selon sa méthodologie par une approche strictement géométrique.
«Des droits, il n’y a que quatre variétés, à savoir: long, court, avec le bout levé ou baissé».
Comme la géométrie est linéaire, le problème de la représentation se transforme en traitement de la longueur et de l’extrémité. L’effet de bord est donc prolongé.
«Les nez concaves sont de trois sortes, dont certains ont la concavité à la partie supérieure, d’autres au milieu, d’autres à la partie intérieure».
Cette fois, le maître travaille sur l’effet de creux. Aussi il localise le problème de la concavité et le déplace sur la longueur.
«Les nez convexes, également ont trois variantes, à savoir: certains ont la bosse en haut, d’autres au milieu, et d’autres en bas».
Il s’agit donc du complémentaire du cas précédent.
«Les segments qui encadrent la bosse du nez se font de trois sortes, c’est-à-dire qu’ils sont soit droits, soit concave, soit encore convexes».
Leonardo da Vinci complète ainsi le problème de la bosse avec une application à nouveau du même principe. Certes l’approche semble peu artistique car elle se base sur des données techniques et géométriques. Cependant il ne faut pas oublier que la technique et la géométrie sont le substrat de la peinture. Aussi pour cet exercice rapide, cette approche est complètement justifiée du point de vue cognitif.