2876 - Pressions chinoises et incursions européennes
N. Lygeros
Le caractère asymétrique du dipôle Chine – Union Européenne se traduit de diverses manières mais rarement sur un autre schéma mental que celui du rapport quantité – qualité. Ceci est particulièrement vrai sur le plan des échanges de populations. Au niveau multilocal, notre expérience directe dans trois pays de l’Union Européenne à savoir Chypre, en tant que conseiller stratégique, la Grèce, en tant que conseiller scientifique, et la France, en tant qu’expert près la Cour d’Appel, nous permet d’affirmer l’existence d’une pression démographique chinoise en relation immédiate avec l’économie. Et nos analyses indirectes sur les autres pays membres de l’Union Européenne confirment cette tendance migratoire. Le plus surprenant c’est la masse que cela représente. Ainsi, au niveau des douanes françaises avec lesquelles nous sommes directement en relation par rapport aux réfugiés politiques ou pas et/ou aux clandestins. La pression chinoise n’est pas simplement la plus grande de toute mais elle est surtout d’un autre ordre de grandeur. Et ce fait surprend les non spécialistes qui considèrent que pour la France, c’est la population d’Afrique du Nord et/ou Noire qui détient cette position. En réalité, la différence est si importante qu’elle n’est plus comparable. De l’autre côté, nous avons effectivement des incursions européennes en Chine qui sont extrêmement pointues quant à leur degré de spécialisation. Ces incursions se situent sur le plan économique, et se fondent sur un spectre très restreint d’activités qui permet de mettre en avant un savoir-faire inégalé dans le domaine concerné. Le point de vue se base essentiellement sur le schéma de l’incursion hyperbolique, à savoir un point d’impact très localisé mais très profond dans le cadre économique qui permet ensuite une diffusion exponentielle du même type de produit. En d’autres termes, nous avons de nouveau l’activation du rapport qualité/quantité. La Chine via sa masse exploite une attaque frontale avec des produits extrêmement peu coûteux sur l’ensemble du territoire européen et l’Union Européenne via son savoir-faire, mise sur la masse chinoise pour commercialiser un produit de qualité supérieure introuvable. La Chine mise sur le nec plus ultra en matière de prix minimal et l’Union Européenne sur le nec plus ultra en matière de qualité de produits. Pour reprendre un schéma mental échiquéen, si nous utilisons l’équivalence entre la tour et les cinq pions, nous pouvons dire que l’Union Européenne préfère la tour et sa puissance, tandis que la Chine préfère les cinq pions et leur présence sur l’échiquier. Dans ce schéma mental qui s’appuie certes sur le rapport qualité – quantité, il existe tout de même une équivalence. Cela pourtant ne doit pas nous tromper car la moindre erreur de la part de la tour peut permettre la promotion du pion en dame, avec bien sûr des conséquences incalculables. Nous sommes donc en présence d’un équilibre instable et d’une stabilité hors équilibre. Dans ce jeu – au sens de la théorie des jeux – où intervient la dynamique – au sens de la théorie des systèmes dynamiques – il n’est pas seulement difficile de prévoir le comportement de l’autre mais il est aussi extrêmement difficile de mettre en place des équilibres même en l’absence de stratégie dominante.