21585 - Déclaration devant la 4ème Commission de la 70ème session de l’Assemblée Générale de l’ ONU sur : LA NON REPRESENTATIVITE du POLISARIO
N. Lygeros
1- Le problème de la non représentativité du Polisario est fondamental dans la question du Sahara Occidental.
2- Le Polisario n’existait pas durant la période coloniale espagnole. L’unique revendication du territoire à l’échelle internationale émanait du Maroc qui avait contesté la colonisation espagnole du Sahara occidental depuis 1956.
3- Le changement de phase structurel s’effectue avec le cessez-le-feu de 1991. Ainsi, un mouvement qui était au départ constitué pour effectuer des opérations de guérilla, avait changé à partir de 1975 via l’existence des camps de réfugiés à Tindouf en Algérie, et en 1976 en assumant le rôle d’un gouvernement en exil.
4- Quant au système proprement dit du Polisario, qui est dirigé par un Secrétaire Général inamovible, même s’il donne l’impression d’un système pseudo démocratique, le fait que ce dernier et ses acolytes sont systématiquement soit disant réélus depuis quatre décennies, et qu’ils dirigent le mouvement de façon aussi autocratique, interpelle sur leur degré de représentativité.
5- C’est d’ailleurs dans ce sens qu’il faut interpréter la genèse du mouvement Khat al-Shahid ,entre autres, né en 2004 en opposition au Polisario et à son Secrétaire Général qui est accusé de clientélisme ainsi que d’être incapable d’avoir une stratégie face à la géopolitique globale. Ceci a d’ailleurs un impact négatif sur la légitimité du Polisario et sur celle plus problématique de la «République arabe sahraouie démocratique» qui se retrouve dans une situation paradoxale puisque de nombreux pays, après l’avoir reconnue dans le passé, ne la reconnaissent plus car ils considèrent que la reconnaissance s’oppose avec le principe même de l’organisation d’un référendum d’autodétermination dans le Sahara Occidental.
6- A cela, nous pouvons ajouter le fait que la population sahraouie qui vit dans le territoire contesté, et qui représente la majorité des sahraouis, participe normalement aux différentes élections marocaines. Nous voudrions souligner ici le fort taux de participation de cette population aux dernières élections communales et régionales du 4 septembre 2015. Par contre, il n’y a aucune élection qui répond aux standards démocratiques internationalement admis qui soit organisée dans les camps de réfugiés de Tindouf. Ce point est particulièrement épineux aussi bien en terme de représentativité que de légitimité.
7- Sur un autre registre, il est intéressant de remarquer qu’avec le Polisario, la nuance entre mouvement séparatiste et de libération est très faible, en raison de l’absence d’une stratégie à long terme dans un différend qui passe de l’enlisement à l’impasse. C’est aussi pour cette raison que l’Union Européenne dans son ensemble ainsi que la majorité des pays dans le monde ne reconnaissent pas la «RASD», ce qui représente une forme diplomatique de désaveu de l’action du Polisario. C’est d’ailleurs pour cette raison que la proposition marocaine d’autonomie s’impose de plus en plus comme la solution réaliste et viable au différend régional sur le Sahara.
8- Un autre point très important à noter, qui met en cause la crédibilité même du Polisario et de son aliénation à l’Algérie, est son refus de répondre à la demande du Haut Commissariat pour les Réfugiés pour le recensement des réfugiés dans les camps contrôlés en réalité par l’Algérie, ce qui engendre une surestimation de leur nombre et le détournement de l’aide internationale. L’enquête de l’office anti-fraude de l’Union Européenne a été claire à ce sujet. On est en droit donc de s’interroger ici : combien y a-t-il de vrais réfugiés sahraouis à Tindouf et est-ce qu’ils estiment que le Polisario est véritablement leur représentant ?
9- A la suite de l’appel du Maroc, la grande majorité des fondateurs du Polisario a regagné le Maroc pour contribuer, parmi les leurs, à l’essor démocratique et au développement de la région du Sahara.
10- Aussi, en considérant l’ensemble de ces points, il est raisonnable de se poser des questions sur la représentativité de cette entité et sur son rôle ou pas dans la résolution du problème du Sahara Occidental.