1949 - Les faux prétextes barbares
N. Lygeros
L’avantage d’exploiter la guerre comme politique extérieure, c’est de permettre de traiter les négociations a posteriori et dans un cadre qui se veut amical. Seulement cela n’est possible que si l’ennemi ne revendique rien et se contente d’oublier les malheurs du passé sans écrire son histoire. Dans tous les autres cas nous observons des problèmes. En effet, souvent les petits états qui ont subi d’énormes pertes n’ont pas la force de résister directement à l’envahisseur et à l’occupant. Par contre, il en va tout autrement des diasporas. Car celles-ci sont des victimes directes des actes barbares. Elles proviennent en général des régions où ont lieu les massacres les plus terribles et il est extrêmement difficile de les convaincre de la bonne volonté ultérieure des barbares. La problématique du régime autoritaire turc suit le même schéma mental géostratégique. Elle tente d’exploiter les positions retenues des gouvernements de l’Arménie, de Chypre ou de la Grèce pour convaincre la presse internationale seulement elle se retrouve face aux diasporas qui elles n’ont rien à perdre dans leur combat national. Aussi elle s’efforce de transformer cette combativité en fanatisme. Cela ne peut tromper que les profanes de la géostratégie et de la médiologie. En termes phénoménologiques, ces actions ne sont pas seulement compréhensibles, elles sont aussi attendues et prévisibles. Car nous sommes dans un cadre de guerre psychologique où tout est permis pour établir un dogme stratégique. Aussi les armes de la résistance de la diaspora sont simples. Elles s’appuient sur les concepts de reconnaissance, de pénalisation, de réparation et plus généralement de revendication. Car dans ce cadre, tout est contestable et cela est aussi valable pour l’histoire. Sous prétexte d’être écrite par les plus puissants, le régime autoritaire turc tente de se défendre vainement en se présentant comme la victime idéale de l’action des différentes diasporas. Cela n’est pas sans nous rappeler les critiques exercées à l’encontre d’Amnesty International car, selon les autorités turques, elle s’intéresse de manière excessive aux droits de l’homme qui sont bafoués en Turquie. À présent, il en est de même pour la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Seulement le véritable problème n’est pas là. Et ceci est connu de l’ensemble des diasporas. Personne n’est dupe quant aux faux prétextes barbares. Le danger existe pourtant car il y a une véritable politique diachronique pour exercer des moyens de pressions et influencer les personnes neutres. C’est ici que se trouve notre rôle d’informer. Car sans informations recoupées, il est facile de tomber dans le piège de la désinformation.