1580 - Sur la symbolique de l’ouvrage

N. Lygeros

L’édition des Trente baisers du soleil demande beaucoup de soins en raison de l’aspect symbolique de l’ouvrage qui est consacré à la révolution grecque et pour être plus précis à l’avant de celle-ci. L’oeuvre dans son ensemble ne représente que trente feuilles. Ce sont d’après le texte, les seules qui n’ont pas été détruites. Aussi toute la difficulté de l’édition sera la restitution de cette idée.

Une de premières conséquences de notre choix, c’est que l’édition ne comportera pas de pages. Ceci est voulu afin de mettre en évidence que nous ne connaissons pas la pagination du manuscrit initial.

Chaque page sera marquée d’un sceau qui sera associé au titre de la feuille et aura en vis-à- vis une gravure qui sera associée au contenu du texte. Ainsi nous avons un isomorphisme cognitif de la forme :

titre sceau
page gravure

Chaque gravure sera bichrome : rouge et noir. Il ne s’agit pas seulement d’une allusion synthétique à l’écrit de Stendhal, mais aussi un lien symbolique entre l’amour et le combat, entre l’épreuve et la mort.

Du point de vue technique, l’édition n’utilisera que la sanguine et l’encre de chine. Les coloris seront purs pour aller dans le sens du texte qui ne comporte aucun compromis. C’est bien l’assemblage de ces couleurs qui crée l’oeuvre qui à son tour crée l’être.

La police de caractères sera choisie de manière à être le plus proche possible d’une écriture manuscrite et si possible du XVIIIe siècle qui correspond au siècle de la préparation de la révolution grecque.

La couverture sera en couleur pour trancher avec l’intérieur qui sera de facture ancienne puisque le papier sera épais et vieux. La couverture sera moderne afin de montrer que l’ouvrage a traversé le temps. La technique sera cette fois de la peinture à l’huile qui illustrera l’aspect diachronique de l’ensemble.

L’édition représente donc un travail de recréation de l’oeuvre initiale en s’inspirant de ses caractéristiques et de ses schémas mentaux. Toute la vision lexicologique de l’oeuvre sera transposée, dans la mesure du possible, sur la vision iconographique.

Ainsi l’ouvrage complètera l’oeuvre en offrant au lecteur une vision double de ce monde oublié et pourtant si présent dans notre quotidien en raison du sacrifice des hommes qui l’ont conçu.

Le livre se veut un microcosme de l’histoire de la révolution grecque. Car nous ne possédons plus que trente feuilles de cette histoire qui nous a créés. C’est bien peu certes. Mais c’est tout ce dont nous disposons. Aussi ce peu, c’est notre tout. Telle est la symbolique de l’ouvrage.