8041 - Mouvements politiques et jeux dangereux

N. Lygeros

Certains mouvements politiques qui se veulent efficaces dans un contexte partisan, provoquent des jeux dangereux sur le plan stratégique. Cette dernière conséquence même si, elle est estimée, est rarement bien évaluée et ses conséquences sont bien souvent désastreuses. Un gouvernement qui joue dans le monde réel, a une position difficile avec une opposition qui joue dans le monde virtuel. Pour cette raison, celui-ci tente parfois de mêler le virtuel avec le réel, afin de mettre dans l’embarras une opposition qui aurait le vent en poupe. Cependant, il commet aussi l’erreur de jouer dans la facilité et de ne pas étudier méticuleusement les conséquences qui lui paraissent dans un premier temps hors propos, hors contexte, et surtout au-delà de l’horizon du jeu proprement dit. Un cas réel de ce type de conflit apparaît lorsque l’objectif demeure tactique sans avoir d’objectif stratégique. La conséquence de ce choix est claire. Même un coup optimal sur le plan tactique n’est pas nécessairement bon sur le plan stratégique. En réalité, il peut même se passer le contraire. Pour la saisir correctement, il suffit de considérer les sacrifices stratégiques qui demeurent incompréhensibles sur le plan tactique et qui n’en n’ont pas moins des conséquences pratiques au niveau stratégique. Un cas un peu plus complexe mais tout aussi dangereux en termes de théorème des jeux, c’est de miser sur l’obtention d’un équilibre de Nash, sans avoir de stratégie gagnante en considérant que l’adversaire ne va pas se positionner comme s’il s’agissait d’un jeu à somme nulle. Cette manière de procéder est possible lorsque nous plongeons une parenthèse virtuelle dans un segment réel. Cela donne une procédure de type suivant : en posant ce coût, l’ennemi est surpris et par manque de temps, il peut être désarçonné. C’est une méthode qui est très exploitée en blitz au jeu d’échecs car l’espace restreint au niveau temporel ne permet pas aux joueurs d’avoir une profondeur stratégique. L’erreur à ne pas commettre, c’est d’utiliser cette manière de faire lorsque la durée est importante. En effet, dans ce nouveau contexte, prendre une telle initiative revient à offrir à l’adversaire la possibilité d’exploiter le temps à bon escient. En d’autres termes, le temps joue en faveur de l’adversaire. La seule possibilité de s’en tirer, c’est d’avoir un adversaire de faible valeur, sinon cette initiative est condamnée à l’avance. Elle correspond en somme, à une attaque mal préparée qui, malgré les effets positifs de sa nature, ne peut lutter contre une vraie contre-attaque qui dispose du temps s’organiser. Aussi ce type d’action revient à miser simplement sur la médiocrité de l’adversaire, ce qui n’est pas recommandé en théorie des jeux.