6617 - La caste du bonheur 

N. Lygeros

Dans la société de consommation la plus extrême, le but ultime contrairement à ce que l’on pense souvent, ce n’est pas la recherce de la paix. En réalité, il s’agit d’établir une caste du bonheur qui est par définition indépendante de la paix et de la guerre car elle n’a que faire de ces détails.
Grâce à la création de cette caste, il est ensuite aisé de créer l’envie d’appartenir à celle-ci. Il est facile d’en conserver la réailté aliénée grâce à la notion de VIP. Cependant celle-ci ne représente pas véritablement un club fermé puisque l’argent permet d’y accéder sans aucune lettre de noblesse. Aussi la caste est de nature quelque peu différente.
La caste du bonheur constitue l’essence d’un système qui ne tolère ni la liberté, ni l’égalité et pas plus la fraternité. Elle est d’un conservatisme absolu qui rejette tout changement qui pourrait la remettre en question d’une manière ou d’une autre. C’est donc le noyau dur d’une entité anti-révolutionnaire par essence où le bonheur parfait permet de tout condamner sans risquer de tomber dans l’absurde camusien. Aussi il ne faut pas s’étonner que Caligula dans l’œuvre homonyme de Camus ne soit entré en conflit avec les patriciens qui représentent un bon mobile de cette caste du bonheur, du moins à cette époque.
La caste du bonheur n’est pas non plus une déformation de la pensée de Leibniz malgré les critiques de Voltaire dans le Candide. Il ne s’agit pas non plus d’une allusion à l’abbaye de Rabelais. Non cette caste est une réalité au sens indien du terme et en ce qu’il a de plus raciste. Elle ne fait donc pas la promotion du bonheur pour tous, même si elle incite tout le monde à courir après cette chimère. Elle se contente d’être dans son paraître pour rendre jalouse la bêtise des individus qui croient en la chance et en la promotion sociale. Car c’est dans son inaccessibilité qu’elle trouve toute sa puissance. Sinon elle n’aurait aucun sens même absurde. Tel est le paradoxe sur lequel elle s’appuie pour avoir un impact social sur l’ensemble des individus. Elle est donc un crime sans châtiment. Voilà pourquoi, elle craint Casanova malgré l’attirance qu’il exerce sur elle, et surtout pourquoi elle hait à  mort Dom Juan. Ce dernier est capable d’aimer l’humainté même si cela est fait à sa manière. Et ce point est déjà une erreur mais il y a pire puisque’il ne respecte aucunement la moindre hiérarchie, aussi comment pouvait-il ne pas être l’ennemi de cette caste du bonheur. En effet, il est même capable de jouir d’elle en la baisant sur la main bien sûr.
La caste du bonheur est donc en danger face à l’intelligence qui possède l’audace prométhéenne. Elle ne craint pas les humanistes car elle les considère comme de simples archivistes dans une bibliothèque has been. Par contre, elle se méfie comme de la peste d’hommes tels que Dom Juan qui sont capables de tout pour parvenir à leurs fins non pas à la manière de Macciaveli, mais avec panache au risque de se sacrifier à l’instar d’une bombe humaine dans une assemblée de convives pour les faire mourir de rire sur leur sort. Voilà pourquoi la caste du bonheur fonctionne sur des interdits et des principes sociaux.