3164 - Réflexions d’ordre logistique sur l’Artsakh

N. Lygeros

La configuration stratégique et le relief de l’Artsakh sont des conditions extrêmement contraignantes sur le plan logistique. La durée dans le temps rend nécessaire la prise en compte de paramètres qui semblent n’être que des détails dans un positionnement local. Afin d’éviter d’avoir des cibles trop accessibles, il est indispensable d’avoir un dispositif léger, flexible et surtout robuste. Ainsi pour ce qui concerne l’approvisionnement en électricité, il n’est pas judicieux d’avoir des unités accessibles par une aviation ennemie. De plus, le réseau électrique comme le réseau téléphonique n’a pas besoin de se baser de manière exclusive sur le câble électrique. A l’heure actuelle, la téléphonie mobile démontre qu’un réseau de faible intensité peut être aisément remplacé par un réseau sans fil. Cette technologie limite le nombre de cibles et a le mérite de ne plus se baser sur une connexité réelle du réseau. Ce dernier point évite de subir la coupure des lignes. De plus elle s’adapte remarquablement bien à un relief montagneux qui nécessite une grande main d’œuvre pour la mise en place de câbles électriques. Le réseau sans fil permet de surmonter ces difficultés mais il permet aussi une nouvelle mise en place en cas d’une attaque violente. Dans tous les cas, la population serait d’une part mieux protégée et mieux réapprovisionnée en cas d’une coupure intempestive. Certes cette technologie nécessite un coût supplémentaire pour sa mise en place initiale. Néanmoins dans un cadre où les ressources de la diaspora sont mises à contribution pour améliorer le développement du pays, il est préférable d’investir sur des solutions plus robustes. D’une part car elles augmentent la qualité de vie de la population et d’autre part car l’interface stabilisée renforce une zone considérée uniquement comme tampon. Ce type de réflexions amène à une approche globale des problématiques de l’Artsakh. Il est préférable d’investir de manière diffuse afin d’obtenir un résultat global plutôt que de miser sur des installations locales qui en cas de conflit deviennent des cibles virtuelles. Ainsi il est préférable d’effectuer un effort sur le transport routier qui permet de rendre accessibles des villages isolés plutôt que d’attendre de la part de la population de résister dans des conditions difficiles sans soutien général. Il est donc nécessaire de s’affranchir des habitudes du passé qui misaient sur la centralisation et qui ont montré leur fragilité dans des contextes évolutifs. L’Artsakh est un cadre fortement évolutif où la mise en place de solutions classiques ne peut qu’entraver le développement du pays. La recherche de solutions d’ordre logistique doit se faire au niveau national et aider par ce biais des initiatives locales. Tandis que le contraire ne mènera qu’aux erreurs du passé.