3071 - Eléments tactiques sur la région d’Aghdam

N. Lygeros

L’examen de la région d’Aghdam qui se trouve hors du Haut-Karabakh soviétique mais bien à l’intérieur du Haut-Karabakh actuel, est essentiel sur le plan tactique. Tout d’abord il faut comprendre que cette région représente une interface par rapport à la frontière avec l’Azerbaïdjan. Le problème c’est que cette interface ne constitue pas un obstacle tactique. Le relief est extrêmement plat et ne permet pas de tenir des positions stables. Car même Tigranakert peut être contournée. Et ceci est encore pire pour Shkhlar, Bash Karvend, Chemenli, Gharadaghli, Kengenli. Pour tenir dans cette région, il est nécessaire d’avoir une défense enfoncée et implantée, soutenue par un appui aérien. Quant au plan offensif, il ne peut se contenter d’un champ de mines. Dans cette configuration la ville abandonnée d’Aghdam est un point central car elle contrôle un carrefour de six routes. De plus, la structure de la ville elle-même offre des possibilités de défense interne. Les maisons de pierre créent de nombreux points d’ancrage avec un système autobloquant. Ainsi la région d’Aghdam en tant qu’élément tactique, nous permet d’absorber une attaque frontale grâce à la profondeur stratégique. Même si elle ne représente pas une ligne infranchissable elle permet de ralentir une percolation; de manière à protéger l’axe Askeran–Stepanakert. Car ce dernier en tant que couloir qui suit la rivière Karkar, offre une possibilité d’enfoncement des lignes défensives et le contrôle de la capitale. Il est donc nécessaire d’avoir des contre-mesures en arêtes de poisson pour absorber un éventuel choc. Seulement celui-ci doit exploiter l’interface tactique de la région d’Aghdam. Il est donc tout simplement impensable de concéder cette région sans mettre en danger le cœur du Haut-Karabakh. Dans ce sens il est nécessaire de tenir ces positions malgré la volonté de certains de négocier. Même s’il est possible de négocier théoriquement une frontière, cela ne peut être le cas pour une interface de ce type. Il est nécessaire de comprendre qu’il s’agit d’un point critique pour l’ensemble de la structure défensive du Haut-Karabakh, aussi il est indispensable de résister à toute tentative diplomatique allant dans un sens opposé. Les éléments tactiques de la région d’Aghdam sont très clairs. Toute autre analyse est tendancieuse et au profit des Azéris. Ainsi au-delà de nos revendications historiques, la stratégie contextuelle impose de tenir le choc face à des arguments diplomatiques fallacieux. Même ceux d’entre nous qui ne sont pas certains de nos droits, doivent comprendre qu’une erreur historique peut être stratégique alors qu’une erreur stratégique devient nécessairement historique. Les négociations n’ont de sens que si elles vont dans le sens du droit international et celui-ci ne peut remettre en cause la réalité de l’arménité. Le peuple arménien existe malgré tout et malgré tous mais il est en danger si les siens sont convaincus par des agents extérieurs sur la nécessité de rétrocéder des territoires libérés. La liberté a un coût. Les combattants de l’Artsakh l’ont démontré. C’est à nous à présent de leur montrer la valeur de la liberté.