1732 - Archéologie du futur

N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

Ils étaient dans leur petite chambre. Ils ne savaient que dire. Les mots n’existaient pas. Il fallait écouter de la musique. Ils voulaient l’adagio du K. 216. Seul Mozart pouvait aider. Car il n’existait plus. Le violon était une lettre qui ne s’ouvrait pas. Son son avait rempli la chambre. Ils se calmèrent un peu. Il existait un problème. Mais le vrai problème était s’il existait une solution. Comment voir la lettre cachée ? La sécurité du système ne permettait aucune effraction. Ils le savaient. Pourtant, ils connaissaient les principes de la cryptographie : il n’existait pas de sécurité absolue. L’avenir cassait chaque code. L’orchestre leur disait qu’il fallait essayer car c’était impossible. Et c’est ce qu’ils décidèrent après les dernières notes. Ils ressortirent. Ils changèrent de rue. Ils passeraient par la place centrale. Là-bas les attendait l’homme au petit corps. Il était discret. Comme toujours. Ils le virent aussitôt cependant. Il tenait dans sa main gauche une sphère avec des signes. Ils la regardèrent sans échanger un mot. Il leur montrait son invention. Tout était possible. Tel était le message. Ils traversèrent de nouveau la place en passant par le point des trois églises. Il leur fallait établir un plan sans que personne ne les remarque. Cela se fit dans un endroit exigu où les gens du pays oubliaient leur quotidien. Ils dessinèrent sur des petits bouts de carton des croquis indéchiffrables. C’étaient les formules des lettres. Maintenant ils savaient qu’il manquait encore d’autres choses. Ils l’avaient assemblé mentalement. Le trou de l’oubli ne les gênait plus. Seulement il y avait encore d’autres manques. Et sans les autres lettres, il était impossible d’en comprendre le sens. Il existait une suite et ils n’en avaient pas tous le éléments.
Ils retournèrent à la bibliothèque des manuscrits. Cette fois, ils consultèrent directement l’ordinateur des archives. Pas le central. Ils n’en avaient pas le droit. L’autre pouvait aider sans alerter les gardiens. Pour écrire le programme il fallait trouver les éléments. Pour trouver les éléments il fallait avoir le programme. Le problème avait le style de Kolakovski. C’était l’unique certitude. Et ils connaissaient la solution. Ils l’avaient déjà programmé quelques années auparavant. Ils écrivirent les premières lignes du code et les éléments commencèrent à s’intégrer et à produire un nouveau code. Peu à peu l’ordinateur trouvait d’autres noms inexistants. Avec eux ils créèrent le premier filet. Ils savaient que sans le complexe, le problème demeurerait irrésolu. Les approches classiques ne supportaient cette complexité. La solution était non conventionnelle, il n’y avait pas d’autre choix. A cette époque il existait déjà la notion de cybernétique. Son application était indispensable à la résolution du problème. Leurs mouvements étaient minimes et de petite envergure. Le problème était la coordination. Seule celle-ci avait la capacité de créer le sens apparent. Même les notes sur une partition ne suffisaient pas. L’exécution était nécessaire. C’est là que le changement de phase se produirait. Le programme exécutait la dernière instruction. Et maintenant ils attendaient les résultats du concerto. Le nouveau code ne s’inscrivait pas sur l’écran de l’ordinateur. C’était une suite de notes. C’était celles qu’il entendait quand il écrivait la lettre. Musique autrichienne….