1014 - La lutte des minorités

N. Lygeros

Au sein de l’Union Européenne, il est difficile de percevoir l’importance des minorités car celles-ci semblent noyées dans la masse pour un observateur non attentif. Pourtant la présence de ces minorités, c’est sans doute l’une des caractéristiques les plus importantes de l’entité européenne. Et même si certains veulent dénigrer son statut de terre d’accueil, elle est indiscutablement une terre d’asile pour nombre d’hommes et de femmes exilés. L’Union Européenne suit en cela une longue tradition qui provient du fait que les droits de l’homme ont toujours eu une place importante dans cette partie du monde. Elle représente d’ailleurs un des ensembles les plus cosmopolites au monde aussi les critiques fanatiques qu’elle subit à ce sujet sont tout simplement hors de propos. Elles ne sont que la preuve de l’absence de connaissances historiques et démographiques mais aussi sans doute d’une mauvaise foi coupable. Car la structure même de l’Union Européenne loin d’écraser la notion de minorité ne fait que la mettre en exergue car elle est consciente de la richesse et du poids démographique qu’elle représente sur l’ensemble de ses états membres. La difficulté pour les minorités ne réside donc pas au sein de l’Union puisque celle-ci constitue un cadre favorable, mais dans la coordination des actions à mener. Car chaque minorité malgré l’importance de l’efficacité de certains lobbies ne peut réussir des actions qu’au niveau local, régional et parfois national. Cependant l’Union des 25 est d’une tout autre envergure car justement elle a été créée pour avoir une taille importante à l’échelle mondiale. De plus comme elle constitue le fer de lance des droits de l’homme, il est nécessaire et pas seulement important d’utiliser sa dynamique. Néanmoins cela doit être effectué dans un cadre cohérent sinon des luttes telles que la reconnaissance des génocides, la dénonciation des invasions ne peuvent avoir d’échos et par conséquent ne peuvent aboutir favorablement malgré toute la volonté du Tribunal Pénal International ou la Cour de Justice pour les Droits de l’Homme. Le génocide arménien de 1915 ou l’invasion de Chypre de 1974 ne sont pas seulement des cas exemplaires. Ce sont des cas liés. Et c’est pour cela qu’ils ont été tous les deux frappés par un interdit de la nouvelle loi turque. En ayant connaissance de ce type de faits, il est essentiel de comprendre l’importance de la coordination d’actions des minorités au sein de l’Union Européenne. Sinon ces délits comme de nombreux autres seront considérés comme marginaux. Alors qu’ils devraient être au coeur du débat pour l’ouverture de négociations car ces dernières ne doivent pas débuter sans préalablement faire respecter les droits de l’Homme. Avant de s’occuper de la prospérité des citoyens européens nous devons nous occuper de leurs droits car c’est uniquement lorsque nous jouissons pleinement de nos droits que nous pouvons profiter de la vie au sens littéral du terme. Bien sûr, cela n’implique pas l’absence de toute utilisation de l’économie pour exercer une pression européenne afin d’obtenir des résultats concrets au niveau des droits de l’Homme. Bien au contraire, celle-ci doit être exploitée de manière efficace avec entre autres la coordination des actions des minorités.